Quelles que soient les victimes de cette guerre – minorités religieuses chrétiennes ou musulmans –, nous avons tous la même indignation sur ces bancs, mais, je le répète, et Pierre Lellouche l’a également dit, l’indignation ne suffit pas. Avec tout le respect que j’ai pour ce pays, la France n’est pas le Liechtenstein : nous avons un autre message à délivrer.
En décembre, en effet, la proposition de résolution présentée par Yves Fromion, Guillaume Chevrollier et Jean-Marie Tétart a été adoptée, mais, je rappelle, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, qu’elle l’a été sans votre soutien. Il y a quelques semaines, le groupe socialiste, écologiste et républicain n’avait pas voté ce texte, peut-être parce qu’il émanait de l’opposition. Aujourd’hui, vous en reprenez pour partie le contenu. Sous ses faux-semblants, toutefois, le texte qui nous est proposé n’a pas véritablement le même objectif que celui que nous avions examiné en décembre : une dimension politique beaucoup plus forte s’y ajoute.
Le parti pris de votre proposition de résolution, comme vous l’avez dit, est de placer sur le même plan tous les protagonistes. Or, pour ce qui me concerne, je le répète, même si tous les crimes commis sont également condamnables, même si tous les excès, d’où qu’ils viennent – du gouvernement syrien, de Daech ou d’ailleurs –, sont inadmissibles, je ne mets pas sur le même plan ces deux interlocuteurs. Une politique « ni Daech ni Assad », que certains ici ont appelée de leurs voeux, aboutit à ce que la France ne soit plus présente dans la région et que la guerre civile y continue. Même si cela peut choquer, il vaut mieux parfois choisir la politique du moindre mal plutôt que se laver les mains tel Ponce Pilate, dire « Tous pourris ! » et regarder les morts s’ajouter aux morts.