Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, oui, on ne peut être que d’accord avec l’objet de votre proposition de résolution. Oui, l’État doit « utiliser toutes les voies de droit […] pour reconnaître les crimes perpétrés en Syrie et en Irak » et pour faciliter la capture et le jugement de leurs auteurs. Oui, la France doit s’engager pour que « l’aide humanitaire parvienne aux populations civiles en Syrie » et en Irak. Oui, il faut que la France s’engage toujours davantage pour que les minorités chrétiennes, yézidies, chiites ou kurdes puissent vivre en paix chez elles sur la terre qui les vues naître. En tant que coprésidente du groupe d’études de notre assemblée sur les chrétiens d’Orient, je ne peux qu’approuver ces objectifs. Sur le papier, ou du moins dans son titre, cette proposition de résolution répond donc au devoir de vérité que nous devons aux milliers de morts, aux milliers de réfugiés et aux milliers d’hommes et de femmes qui souffrent toujours en Orient.
Malheureusement, ce même devoir de vérité me pousse à vous dire également que, depuis cinq ans, vous avez fait, l’exact inverse de ce qu’il fallait faire. Je ne relèverai que deux erreurs majeures.
La première est de s’être trompé d’informateurs. En refusant de rouvrir l’ambassade de France à Damas, fermée depuis 2012, notre pays s’est privé, non seulement d’une représentation diplomatique, mais aussi d’importantes sources d’informations et de renseignements. La conséquence directe de ce refus fut que, pour informer les Français de ce qui se passait en Syrie, presque tous les médias se sont contentés de relayer depuis cinq ans le fameux Observatoire syrien des droits de l’homme, officine très largement contestable, financée par les Qataris et placée au service des Frères musulmans.