Merci, madame la commissaire, d'avoir répondu à cette invitation, une brillante idée de notre présidente – je le dis d'autant plus facilement que je fais partie des deux commissions !
Je reviendrai d'abord sur le bilan qu'a dressé le président Juncker il y a quelques jours et qui fut pour moi un grand choc : il a prédit la division et l'impuissance de l'Europe, parlé d'une « tragédie continentale » à propos du Brexit et fustigé – mais, à cet égard, je partage son point de vue – la lâcheté de celles et ceux qui utilisent l'Europe pour résoudre leurs difficultés politiques nationales. Comme membre de la Commission, même si ces sujets ne relèvent pas de votre portefeuille, comment réagissez-vous à ces propos publics et quelle initiative vous inspirent-ils ? Ces déclarations, je le dis sans animosité, ont été qualifiées de démission politique, ce qui est excessif puisque M. Juncker est toujours en poste ; l'Européen que je suis n'en est pas moins très inquiet.
J'en viens aux dossiers dont vous êtes chargée. Depuis plusieurs mois, des négociations sont en cours afin de réformer le droit européen applicable aux travailleurs détachés. Gilles Savary a fait sur ce sujet, au nom de la commission des affaires européennes, un travail sérieux, de qualité et d'une grande pertinence, qui a, je le confirme, été approuvé par toutes les formations politiques. Le groupe de l'Union des démocrates et indépendants soutient la révision de la directive afin de limiter les fraudes et le travail illégal. Où en sont les discussions à ce sujet avec les différents États, notamment les pays dits de l'Est ?
J'ai lu récemment que les pays européens pourraient refuser à l'avenir de verser les allocations chômage à toute personne originaire d'un autre État membre ayant travaillé moins de trois mois sur leur territoire. Philip Cordery y a fait allusion. Si votre volonté de fermer la porte au tourisme social est bienvenue pour contrer les arguments des populistes anti-européens, l'Union européenne ne pourrait-elle, à terme, aller plus loin en proposant une assurance chômage au niveau de la zone euro, dont il est question depuis plusieurs années ? Comment percevez-vous la négociation avec les partenaires sociaux européens ? Quel est votre point de vue sur le modèle paritaire français, qui n'a pas cours dans d'autres pays européens ?
Enfin, je me permettrai, après Isabelle Le Callennec, de vous interroger sur le projet Erasmus, qui tient à coeur à tous les Européens. Vous souhaitez permettre aux étudiants des filières professionnelles de séjourner six à douze mois dans un autre pays membre que le leur. Cette démarche est soutenue de longue date par notre formation politique : pour nous, la mobilité des jeunes en Europe est une composante absolument cruciale du projet européen, parce qu'elle permet non seulement de réduire le chômage mais aussi de stimuler la croissance sur notre continent et d'affermir ou d'améliorer sa compétitivité. Le budget alloué à Erasmus va-t-il bien augmenter de 400 millions d'euros sur trois ans pour accompagner cette volonté politique ?