Je vous remercie, Yves Durand, pour cet exposé très intéressant.
En janvier 2016, vous expliquiez, au nom du comité de suivi, que l'ambition éducative de cette loi était si importante que l'application en était nécessairement difficile, en particulier dans la phase de démarrage. Vous souligniez notamment « l'insuffisance de l'appropriation de la cohérence de la loi par les enseignants, l'affadissement et la parcellisation de son application. ». Cette situation a-t-elle évolué aujourd'hui ?
Il y a quelques mois, à la rentrée 2016, de nombreux enseignants se sont encore mobilisés contre les nouveaux programmes, et notamment contre les nouvelles règles d'enseignement concernant, par exemple, l'apprentissage de la grammaire. Quelle est votre analyse de la réforme de la formation des enseignants ? Vous indiquiez en janvier 2016 qu'elle peinait « à trouver son équilibre sur le plan structurel et sur le plan pédagogique ».
Les trois ministres qui se sont succédé depuis 2012 rue de Grenelle ont tous affirmé que l'enseignement primaire était leur priorité. Cependant, dans les choix budgétaires, le déséquilibre entre enseignement primaire et enseignement secondaire est quasiment toujours le même et favorise excessivement le second degré, en particulier les lycées et les post-bac. Le programme 140 de la loi de finances initiale pour 2016 prévoyait un peu plus de 20 milliards d'euros pour les 5,8 millions d'élèves du primaire et le programme 141 un peu plus de 31 milliards pour les 4,5 millions d'élèves du second degré. Ce déséquilibre peut être l'une des sources des difficultés à assurer la maîtrise des fondamentaux par tous nos écoliers. Quel bilan pour 2017 ? Comment analysez-vous cette constance dans l'écart budgétaire ?
Je souhaite également vous interroger sur le rapport du CNESCO de septembre 2016, qui retrace, pour les années 2014 et 2015, les conclusions de nombreux spécialistes, sociologues, économistes, didacticiens, psychologues, français et étrangers, concernant l'égalité des chances dans notre système éducatif.
La synthèse du CNESCO détaille une longue chaîne de processus inégalitaires qui se cumulent et se renforcent à chaque étape de la scolarité : inégalités en termes de traitement, de résultats, d'orientation, d'accès aux diplômes et même d'insertion professionnelle. Limités à l'école primaire, les clivages explosent à partir du collège. L'éducation prioritaire aboutit aujourd'hui à produire de la discrimination négative : on donne moins à ceux qui ont moins. Comment analysez-vous ce bilan très négatif ? Comment accentuer les moyens dans l'éducation prioritaire et renforcer l'efficacité des mesures ?
Enfin, quelle sera, selon vous, l'école numérique de demain ? Il s'agit effectivement d'un outil efficace sur le plan pédagogique, qui nécessite la formation des enseignants. Aujourd'hui, il y a de très nombreuses initiatives, qui viennent aussi d'acteurs du privé. Comment numériser intelligemment l'école et les contenus pédagogiques ? N'y a-t-il pas encore une forme de résistance de la part des enseignants ?