Cher Yves Durand, c'est avec un réel plaisir que j'ai écouté ce matin votre point d'étape. Vous avez rappelé l'esprit de la loi et la nécessité de son appropriation par les différents personnels et le ministère.
Je veux revenir sur la question du temps de l'action publique. Comme vous l'avez dit, nous avons choisi de mettre en place la réforme en bloc et non à petites doses, au risque de mettre en difficulté les personnes chargées de son application. Nous l'avons fait parce que différents constats tels que les enquêtes PISA, la suppression des postes dans les classes, la diminution de la scolarisation des enfants de moins de trois ans, renforçaient ce déterminisme économique et social qui nous est insupportable.
Aujourd'hui, il convient de se demander combien de temps il faut laisser à la réforme pour continuer à vivre. Après un rapport assez alarmiste en 2015, vous notez avec satisfaction, et l'on ne peut que s'en féliciter, que l'année 2016 a permis de monter en puissance et de voir que les choses se mettaient en place. N'est-ce pas le propre de la loi que de prendre le temps de se l'approprier et de la mettre en oeuvre ?
Le temps de l'évaluation étant par essence long, il faut entre cinq et dix ans, ou au moins le temps d'une cohorte, avant de pouvoir dresser un bilan de la réforme qui a été mise en oeuvre en 2012-2013. Quels outils peut-on mettre en place pour la laisser vivre jusqu'au bout ?
Je formulerai une inquiétude quant au comité de suivi. Vous connaissez mon attachement à la relation entre l'école et les parents. À la page 16 de votre rapport, vous énumérez les différents acteurs que vous avez rencontrés – enseignants, inspecteurs, formateurs –, mais il me semble que vous ne parlez pas des parents. Comment peut-on évaluer une loi qui affirme l'importance du principe de la coéducation sans rencontrer les parents ?