Intervention de Emeric Bréhier

Réunion du 22 février 2017 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmeric Bréhier :

Intervenir à la fin de la discussion présente l'avantage de ne plus avoir besoin de faire des remerciements abondamment effectués. Aussi je m'exonérerai de cette tâche !

Beaucoup d'entre nous s'étonnent de la difficulté temporelle à mettre en place une loi. Pourtant, c'est le principe même de l'action législative. On sait qu'il faut du temps entre le moment où nous légiférons, le moment où les décrets sont publiés et le moment où les textes, qu'ils soient d'ordre législatif ou réglementaire, sont appliqués et véritablement pris en compte par l'ensemble des acteurs. Et cela est encore plus vrai en ce qui concerne l'Éducation nationale.

Nous sommes confrontés à de graves difficultés dans la mesure où cette loi pour la refondation de l'école n'a malheureusement pas fait l'objet d'un consensus, sinon d'un compromis national, ce qui a été le cas bien souvent dans nombre de pays qui ont mis en place des politiques pour contrecarrer en quelque sorte ce que l'on a appelé le choc PISA. Nos échanges fort courtois de ce matin le confirment et on peut le regretter. Je sais bien qu'il faut sans cesse affirmer, surtout à quelques encablures d'une élection présidentielle, ce qui nous distingue, et c'est sain pour la vie démocratique. Il n'empêche que nous devrions pouvoir être capables de nous élever sur certains sujets au-delà d'un certain nombre de conjonctures. Certains propos qui ont été tenus ce matin ne sont pas toujours fondés. C'est le cas de celui qui a été tenu à l'instant par une de nos collègues, d'autant que les enquêtes PISA datent puisqu'elles ont été faites sur des cohortes avant 2012. Si l'on veut parler des faits, évitons de le faire avec des oeillères.

Beaucoup ont expliqué que cette loi faisait bloc. En réalité je pense qu'elle fait plutôt socle, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Cette loi nous permet de bâtir ce que doit être une éducation nationale dans les prochaines années. C'est un socle sur lequel nous devons nous appuyer pour continuer à réformer l'Éducation nationale afin de donner à l'ensemble de nos enfants, d'où qu'ils viennent, les mêmes chances d'épanouissement.

Je pense, comme ma collègue Marie-George Buffet, et nous l'avions dit en présence du ministre de l'Éducation nationale d'alors, que nous avons raté le coche en ce qui concerne le concours enseignant. Je continue à penser que, compte tenu des phénomènes de ségrégation sociale dans l'accès aux diplômes de l'enseignement supérieur, nous aurions dû et que nous devrions, dans les années à venir, mettre en place le concours en troisième année de licence (L3) et non plus en première année de master (M1). Nous savons en effet qu'il y a un plafond de verre entre l'obtention de la licence et le passage en M1, en raison des phénomènes de reproduction sociale qui s'accroissent au fur et à mesure que l'on progresse dans les diplômes de l'enseignement supérieur. Le concours doit retrouver sa place d'élément de l'ascenseur social de la République. Si nous ne le faisons pas, nous passerons à côté de ce que doit permettre l'Éducation nationale, c'est-à-dire donner à chacune et à chacun les moyens de son épanouissement personnel.

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