Intervention de Jean Leonetti

Réunion du 22 février 2017 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Leonetti :

Dans cette salle et dans cette Assemblée, nous avons vécu des moments de passion et de révolte, des moments volcaniques, mais parfois le volcan s'apaise, et de ses cendres peut naître une nouvelle passion.

Le vieux parlementaire que je suis désormais constate qu'ici on se parle, alors que dans l'hémicycle on s'invective ; c'est peut-être là la différence entre l'humanité qui réfléchit et celle qui s'expose. Il est d'ailleurs curieux de connaître une situation où nous avons presque regret à nous quitter, alors que, dans la réalité, nous allons nous affronter dans les tribunes et sur les plateaux de télévision avec une complaisance sans commune mesure avec l'affection sincère que nous exprimons ici.

C'est probablement là que réside la beauté de la chose politique.

Comme nous tous, je distingue l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité. L'éthique de conviction est au fond de nous, elle est le fruit de notre éducation et de ce en quoi nous croyons profondément. Probablement, croyons-nous tous en la République et en l'homme, mais, dans le même temps, l'éthique de réalité ou de responsabilité fait que, de temps en temps, nous constatons que l'adversaire dit quelque chose d'intelligent.

Comme le disait Edgar Faure : « Un très beau discours m'a quelquefois fait changer d'avis, jamais de vote. » C'est peut-être cela la tristesse de l'Assemblée nationale où parfois l'on pense que l'adversaire dit mieux que nous-mêmes ce que nous aurions voulu dire, mais nous le sanctionnons par un vote négatif, que l'on se trouve dans la majorité ou dans l'opposition.

Avec Alain Claeys, j'ai eu là l'immense honneur de porter une proposition de loi, et j'ai clairement ressenti cette force de la discipline régnant au sein de la majorité qui s'applique dans la Ve République. Et, vous en êtes le témoin, madame la présidente, comme madame la ministre de la santé, cette discipline se heurtait à vos convictions. Sur des sujets douloureux et difficiles, le consensus prend toute sa valeur, et de petits renoncements à des convictions de l'instant peuvent conduire à changer.

Comme l'a dit M. Touraine, il convient de conserver le doute à l'esprit, car il est beaucoup plus fertile que les certitudes. L'admirateur d'Albert Camus que je suis considère qu'il existe des révoltes apaisées qui apportent plus de fruit à nos concitoyens que les refus obstinés.

Puisque je participe à la dernière réunion de la commission des affaires sociales de mon dernier mandat, et que je suis en fin de vie parlementaire ; je vous souhaite à tous de continuer dans cette révolte apaisée, qui est absolument nécessaire pour la conviction, mais aussi pour le consensus.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion