Intervention de André Schneider

Séance en hémicycle du 28 octobre 2014 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Aide publique au développement – prêts à des États étrangers

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Schneider :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, monsieur le secrétaire d’État, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, monsieur le rapporteur spécial, mes chers collègues, l’examen des crédits de la mission « Aide publique au développement » est, pour notre assemblée, l’occasion d’exprimer la volonté de notre pays de lutter contre la pauvreté, les inégalités et le changement climatique dans le monde.

Augmenter le financement de l’APD, c’est mettre en place, dès aujourd’hui, les fondements de la croissance de demain. En effet, mes chers collègues, le soutien aux pays en développement est un pré-requis à la relance de l’économie.

Augmenter la croissance, stimuler la demande domestique et réduire les inégalités dans les pays pauvres, c’est leur donner un dynamisme capable de tirer vers le haut l’ensemble de l’économie mondiale.

Les pays les moins avancés d’aujourd’hui seront, je l’espère, les économies développées de demain. Malheureusement, le budget alloué à cette mission ne nous permet pas d’espérer un développement équitable.

Ce budget accuse, en valeur, une baisse de plus de 2,9 %, soit plus de 83 millions d’euros. En deux ans, la mission aura perdu plus de 260 millions d’euros. Nous sommes loin de l’objectif d’atteindre, en 2015, 0,7 % du revenu national brut. Les prévisions financières et budgétaires actuelles rendent très difficiles, voire totalement impossibles, cette perspective.

Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, à ce moment, dans l’hémicycle, ce n’est pas un élu de droite qui s’exprime contre d’autres élus : nous sommes tous ensemble, sur ces bancs, des représentants de la nation débattant de l’avenir préoccupant de la politique française d’APD.

Il y va de l’avenir de millions d’êtres humains : attention à ne pas franchir le point de non-retour. Oui, la France a permis à des millions de personnes de sortir, depuis vingt-cinq ans, de la pauvreté, et nous pouvons en être fiers.

Mais que penseront nos enfants et nos petits-enfants d’un pays qui se retire progressivement, doucement mais sûrement, de la solidarité internationale ? Selon le dernier rapport des Nations unies sur les objectifs du millénaire pour le développement, il resterait encore 870 millions de personnes sous-alimentées dans le monde en 2014.

Madame la secrétaire d’État, je connais votre engagement et votre détermination à construire un monde plus juste, mais nous ne pouvons accepter que la France soit à contre-courant des autres donateurs du Comité d’aide au développement.

Prenons l’exemple de la Grande-Bretagne : l’aide au développement y a augmenté de 29 % entre 2012 et 2013, alors qu’elle a diminué de 5,4 % en France. Selon les prévisions du budget triennal 2015-2017, les crédits qui lui sont alloués devraient encore diminuer au cours des deux prochaines années.

L’APD a besoin d’une nouvelle vision, d’une nouveau souffle : elle doit être rénovée et proactive. Elle doit permettre d’anticiper les changements de demain.

Oui, la mutation des politiques d’aide au développement, contrainte par l’état de nos finances publiques, n’échappera pas, à l’avenir, à une meilleure combinaison entrer aide publique et aide privée.

Pour cette raison, il nous faut donner plus de liberté aux ONG qui font un excellent travail sur le terrain et savent parfaitement faire appel à la solidarité citoyenne.

Nous devons nous appuyer sur les dix propositions du rapport d’Emmanuel Faber, directeur général de Danone, et de Jay Naidoo, président du conseil d’administration de l’Alliance mondiale pour une meilleure nutrition, ancien ministre de Nelson Mandela.

Ce rapport nous rappelle certaines thématiques prioritaires comme la situation des femmes, le sous-emploi de la jeunesse africaine, l’agriculture familiale, l’accès à l’eau potable, et j’en passe. N’oublions pas non plus la lutte contre les grandes épidémies comme celle du SIDA et, aujourd’hui, d’Ebola. La santé doit être une de nos préoccupations majeures. Enfin, nous devons également nous concentrer sur le délicat problème du changement climatique avant qu’il ne soit trop tard.

Alors que la 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique se tiendra au Bourget en 2015, la France respectera-t-elle les engagements qu’elle a pris à Copenhague en 2009 ?

Madame la secrétaire d’État, le monde attend beaucoup de la France. Notre nation se doit de continuer à réduire les inégalités et la pauvreté dans le monde. Or ce budget ne permet pas de le faire correctement.

Pour toutes ces raisons, le groupe UMP ne votera pas les crédits de cette mission et j’invite tous mes collègues, qui, comme moi, ont une certaine idée de la France, à faire de même.

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