Je regrette de ne pas avoir participé au groupe de travail, mais je ne peux pas être partout – je dis souvent que, tout seul, je ne suis pas assez nombreux. J'ai quand même fait quelques propositions, dont certaines ont été prises en compte, en particulier celles visant à insister sur la nécessité d'une politique alimentaire européenne.
Il est deux domaines, toutefois, dans lesquels il me semble que n'a pas été affirmée avec suffisamment de détermination la nécessité de changer la politique agricole commune en profondeur, faute de quoi celle-ci restera un miroir aux alouettes.
D'une part, il est vraiment dommage que la proposition de résolution ne traite pas de la garantie des prix d'achat aux producteurs et de l'encadrement des marges des opérateurs de l'aval. On nous ressort systématiquement l'argument de l'eurocompatibilité, mais une proposition de résolution est précisément l'occasion d'affirmer avec force que l'Europe doit bouger sur la garantie des prix à la production, car c'est la seule solution pour sortir de la course à la compétitivité dans laquelle nous sommes enfermés. Dans une telle Europe, nous trouverons toujours plus compétitif que nous et la concurrence entre pays mènera l'agriculture à une forme de suicide dans de nombreux territoires. Nous devons être beaucoup plus offensifs sur ces sujets.
Au passage, je me méfie des mots qui ressortent régulièrement. Il y a vingt ans, on mettait le mot « synergie » à toutes les sauces ; celui de « résilience » me paraît un habillage qui permet de cacher beaucoup de choses.
N'est pas abordée, d'autre part, la protection contre les aléas économiques, sanitaires et climatiques sur une base publique. Il n'existe aujourd'hui qu'un filet de sécurité porté par le secteur privé, qui ne répond pas aux besoins actuels. Il n'est d'ailleurs pas accessible à de nombreux agriculteurs. Ce sujet devrait être traité dans la proposition de résolution européenne.
Celle-ci comporte néanmoins de nombreux points positifs, et je la voterai.