Intervention de Alain Berger

Réunion du 13 octobre 2014 à 17h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Alain Berger, commissaire général de la section française à l'exposition universelle de Milan en :

Je suis dans l'ensemble satisfait par les conditions qui nous sont proposées à Milan. Et, même en essayant de m'abstraire de ce cadre, je reste attaché au principe de l'unité de lieu : le visiteur, qui fait le déplacement, doit avoir le sentiment d'une rupture entre l'univers habituel et celui de l'exposition universelle, a fortiori si celle-ci porte sur une thématique forte. Il doit voir et sentir qu'il entre dans un autre espace, puis qu'il y est physiquement présent et que le thème se retrouve partout autour de lui, dans l'architecture comme dans les événements qui sont organisés, par exemple dans les spectacles de rue. Même à l'ère du numérique, il faut, selon moi, garder un lieu physique, ainsi qu'un lien entre ce lieu et un thème. Si l'exposition est organisée dans plusieurs endroits sur un vaste territoire et que le visiteur est amené à passer de l'un à l'autre, il faut à ce moment-là une bonne articulation entre ces différents lieux. Mon souci est que le visiteur appréhende quelque chose et qu'il ressorte du pavillon français avec un « plus ». J'en ai débattu avec le directeur général du Futuroscope : si une présentation est trop hermétique ou illisible, elle n'intéresse personne. Il faut donc qu'elle soit ludique, mais sans basculer pour autant dans la catégorie des parcs d'attractions, car nous perdrions alors une partie de l'intérêt que présente une exposition universelle.

Je suis heureux que le projet français présente une véritable cohérence : le pavillon sera une halle, qui rappelle le thème de l'exposition ; nous avons fait le choix politique et stratégique de la durabilité, avec une construction en bois démontable et remontable. C'est d'ailleurs un élément qui impressionne : le pavillon de la France est l'un des rares qui continuera à vivre, dans un autre lieu. Si l'on avait simplement reproduit un pavillon Baltard, le bâtiment n'aurait symbolisé que la tradition, alors que nous avons souhaité concilier la tradition, la modernité et la durabilité.

Qu'aurais-je pensé si l'on avait mis à ma disposition un bâtiment déjà existant ? Beaucoup dépend en réalité du thème : si celui-ci est suffisamment fort et qu'il peut vivre par lui-même, l'exposition peut, à la limite, être organisée en tout lieu. Cependant, les lieux préexistants sont déjà porteurs d'une histoire et d'un message. Même si certains, tels que le Grand Palais – beau reste d'exposition universelle – se prêtent admirablement à l'organisation d'événements contemporains. Je ne suis donc pas complètement fermé sur cette question, même si, pour ma part, j'ai trouvé intéressant que l'on me demande de concevoir en même temps le contenu et le contenant, et d'assurer une cohérence entre les deux.

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