Parce que je représente les Français établis dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni, je suis témoin de l'euroscepticisme que vous avez évoqué. Vous affirmez la nécessité de poursuivre l'idéal européen, notamment en renforçant la coopération judiciaire et par l'imprégnation croissante des droits nationaux par des législations communautaires et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Mais je ne peux m'empêcher de penser que si le traité de Lisbonne devait être négocié aujourd'hui, les États membres n'aboutiraient pas à un accord sur des questions qui ont pourtant fait l'objet d'un traité il y a quelques années. Cette situation est d'autant plus paradoxale que, vous l'avez souligné, l'idéal européen rejoint un impératif d'efficacité : mieux lutter contre la criminalité organisée transfrontalière.
N'est pas seule en jeu « l'exception britannique » constatée quotidiennement et qui se traduit en ce domaine par la dénonciation récurrente des juges transnationaux qui interviennent dans la vie politique souveraine du pays. On ressent à l'échelle du continent un mouvement manifeste de repli identitaire et une réticence des peuples à confier leur destin à une autorité supranationale. Cela conduit à s'interroger sur la méthode suivie : étant donné ce contexte, n'est-ce pas être dans le déni que de continuer à envisager un parquet européen ? Ne faut-il pas proposer aux peuples d'Europe une alternative plus modeste peut-être mais plus directement convaincante ?