Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 9 octobre 2014 à 9h00
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Il est toujours agréable d'entendre parler d'une période où la France réduisait sa dette, réduisait ses déficits, réalisait un point de croissance de plus que le reste de l'Europe et créait deux millions d'emplois, quand dans le siècle et demi précédent elle n'en avait jamais créé que trois millions. Ces données sont vraies, monsieur Accoyer, elles sont connues.

Elles nous obligent à appréhender les 35 heures d'une façon un peu différente qu'on ne le fait habituellement. J'ai toujours trouvé le débat autour de cette réforme quelque peu surréaliste, profondément idéologique : la France est aujourd'hui l'un des pays européens où la durée hebdomadaire du travail est la plus longue. Pendant des années, je répondais aux récriminations de la droite que les 35 heures, c'était en Allemagne qu'il fallait les chercher : la France est à 38 heures !

On nous dit que la France a bénéficié à cette époque d'une croissance exceptionnelle. Mais la croissance mondiale était plus forte dans les quatre années qui ont précédé le Gouvernement de M. Jospin, c'est-à-dire les années Balladur et Juppé ; elle était plus forte dans les années qui ont suivi. La seule différence, c'est qu'avant 1997 et après 2002, la croissance française était inférieure à la croissance mondiale, et très inférieure à la croissance européenne.

Il faut aussi se rappeler que, lorsque M. Jospin était Premier ministre, la France avait 1 à 2 points de PIB d'excédent extérieur, lequel est devenu un déficit à partir de 2004. Je pense pour ma part que ce déficit est dû à des politiques d'une grande imprudence qui ont laissé la compétitivité se dégrader.

Monsieur le Premier ministre, vous avez dit que la confiance était presque un facteur de production. De fait, le retour de la confiance a, je crois, été décisif pour faire sortir la France d'une situation où sa dette avait, pour la première fois de son histoire, dépassé le seuil de 60 % du PIB. De telles créations d'emplois ne s'étaient jamais vues : au cours de la seule année 2000, la France a créé 600 000 emplois. Regardez les données annuelles depuis que l'on a des statistiques, c'est-à-dire depuis un siècle : cela ne s'était jamais produit. Or c'est bien l'année où les 35 heures ont produit un effet maximal.

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