Les étudiants des grandes écoles sont effectivement de plus en plus attirés par les pays lointains. En revanche, les étudiants en licence travaillent souvent pour financer leurs études et ils sont de plus en plus nombreux à choisir leur destination en fonction de la capacité du pays à leur procurer un emploi. Le système des bourses sous conditions de ressources devrait permettre à tous les jeunes, quel que soit leur niveau, d'obtenir une mobilité dans n'importe quel pays. Un certain nombre de jeunes auraient préférer aller au Royaume-Uni mais choisissent la Pologne ou la Suède, voire l'Estonie ou la Slovaquie parce que le coût de la vie y est moins élevé et qu'ils auront plus de chances d'y trouver un emploi. L'attractivité de la Norvège amoindrie par le niveau de vie de ce pays qui est le plus élevé d'Europe.
On nous met parfois en concurrence avec les Espagnols, mais si le nombre de jeunes Espagnols qui partent à l'étranger a beaucoup augmenté, c'est parce que leur mobilité est probablement liée aussi au désir de s'installer dans un autre pays, essentiellement en Allemagne et au Royaume-Uni.
De nombreux pays, y compris la Roumanie et la Slovaquie, mettent à la disposition des jeunes des cours en anglais pour attirer de plus en plus d'étudiants Erasmus+. En France, mais c'est également le cas en Allemagne, nous sommes convaincus que nous devons proposer des cours à la fois en anglais et dans d'autres langues.
Concernant l'accès des plus défavorisés à un pays étranger, il est vrai que nos collègues étrangers critiquent le manque d'attractivité de notre système de formation professionnelle. Cela dit, le nombre des mobilités dans le cadre d'un stage est en très forte augmentation. Beaucoup de jeunes désirent se qualifier dans une entreprise étrangère pour y acquérir des réflexes qui leur seront utiles sur le marché français de l'emploi.
Pour ce qui est d'évaluer nos différences avec les autres pays, notre système statistique n'est pas suffisamment élaboré pour que je puisse vous répondre mais je dispose de quelques chiffres transmis par la Commission. Jusqu'en 2013, il était demandé aux agences en charge d'Erasmus+ de bien gérer les fonds, car l'élargissement avait mis de nombreuses agences en difficulté, notamment en Bulgarie et en Turquie. Aujourd'hui, en plus de bien gérer les fonds, on nous demande surtout de créer de la valeur ajoutée territoriale. Nous avons engagé des études d'impact et nous nous sommes rapprochés du Céreq afin de mieux répondre aux décideurs – parlementaires, journalistes, chefs d'entreprise – désireux de connaître la valeur ajoutée de nos programmes dans différents territoires.
J'aurai probablement plus de choses à vous dire dans deux ans lorsque le système statistique aura été amélioré, que nous pourrons comparer les études d'impact dans l'ensemble des pays et que nous connaîtrons les résultats des recherches sur la période 2010-2013.