En général, dans les plus petites, l'ambassadeur ou son unique collaborateur, est référent dans tous les domaines : sport, archives, etc.
Quel premier bilan en tirer ?
L'expérience est encore très brève. À vrai dire, un peu comme M. Jourdain faisait de la prose, de nombreux ambassadeurs faisaient de la diplomatie sportive sans le savoir. Il n'empêche que lorsque le concept a été concrétisé, ce fut la surprise. Il n'était pas naturel, en effet, pour beaucoup de mes collègues, de développer des liens avec le monde du sport.
Au bout de presque quatre ans, je crois qu'on peut parler d'une véritable sensibilisation des postes sur tout ce que le sport peut apporter, non seulement en termes d'images, en termes économiques, mais également en termes d'action sur place. En effet, rentrer dans les réseaux ouvre au chef de poste un éventail de contacts qu'il n'aurait pas forcément noués sans cette action liée au sport.
Ce n'est pas encore parfait. La sensibilisation suppose un effort continu. Mais je pense que l'opportunité de la candidature de Paris permettra de cristalliser davantage encore, dans les postes, la « conscientisation » de l'importance de ce domaine. Pour l'instant, ils n'ont pas le droit de parler de la candidature de Paris, puisque les règles du Comité international olympique (CIO) précisent que la campagne internationale ne peut être ouverte qu'à partir du 3 février prochain, date à laquelle les villes candidates remettront le troisième et dernier dossier.
Mais là encore, la campagne internationale est enserrée dans un certain nombre de règles du CIO, qui ne facilitent pas la tâche. Par exemple, seules les villes candidates sont autorisées à faire la promotion de leur candidature à l'étranger. Ainsi, les postes pourront seulement venir en appui, pour donner une teinte « candidature de Paris » à d'autres événements, mais ne pourront pas organiser d'événements de promotion de la candidature de Paris. De même, il est interdit, que ce soit avant ou après le 3 février, de prendre contact avec les membres du CIO pour parler spécifiquement de la candidature. En revanche, pour entretenir les liens, on peut inviter, par exemple à un grand événement culturel, un membre du CIO résidant dans le pays dans lequel l'ambassadeur est en poste…
Je pense donc que dans les postes, il y a une vraie prise de conscience, que nous nous employons à développer, de l'intérêt que peut représenter pour la France la diplomatie sportive. Celle-ci est d'ailleurs mise en place par de plus en plus de pays, avec des objectifs divers et variés. Parfois, elle existe depuis longtemps. C'est le cas aux États-Unis : les Américains ont parlé de « diplomatie sportive » dès les années 60. Ils intègrent ce concept, à mon sens avec raison, dans la notion plus large de « diplomatie publique » qui consiste à établir des liens, des dialogues et des échanges au-delà de la diplomatie traditionnelle.
Le développement du sport, et surtout le développement médiatique du sport, la répercussion qu'ont les grands événements sportifs internationaux en termes d'image, ont amené de plus en plus de pays, notamment émergents, à mettre en place des diplomaties sportives pour répondre à ces objectifs divers et variés.
Il peut s'agir de « se faire connaître ». Je me suis rendu lundi dernier à Bruxelles pour assister à un séminaire organisé par la Commission sur le thème de la diplomatie sportive. Le Premier ministre des Îles Fidji, qui était présent, nous a ainsi expliqué que grâce à la diplomatie sportive – qui se résume pour eux essentiellement à l'« exportation » de joueurs de rugby – il était désormais plus facile de mettre les îles Fidji sur la carte, très au-delà de leur dimension géographique ou démographique.
Un tel raisonnement peut s'appliquer au Qatar, à l'Azerbaïdjan, au Brésil, à la Russie, à la Chine. C'est une évolution de plus en plus évidente dans le monde de la diplomatie : recourir au sport, avec des objectifs qui varient d'un pays à l'autre, et sur lesquels il ne m'appartient de me prononcer.
Vous m'avez interrogé à propos de l'Azerbaïdjan. Depuis que j'ai pris mes fonctions, je n'ai jamais eu à traiter avec ce pays. D'ailleurs, la coopération directe bilatérale ne relève pas de moi, mais du ministère des sports et, évidemment, des fédérations elles-mêmes.