Intervention de Igor Bilimoff

Réunion du 10 avril 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Igor Bilimoff, directeur général de la Fédération des entreprises du recyclage, FEDEREC :

Oui. Pour nous, l'enjeu majeur est la captation du gisement, qui dépendait jusqu'à présent de la valeur des produits puisque, je l'ai dit, nous ne bénéficions d'aucune subvention. En d'autres termes, nos activités sont payées par la valeur de revente des matières premières recyclées. Comment mobiliser de nouveaux gisements ? Au secteur du BTP, qui en fournit beaucoup, s'ajoutent les filières de démantèlement de matériel usagé issu des avions, du ferroviaire ou des bateaux. Dans le cas d'un prescripteur unique – la SNCF, Air France, d'autres compagnies aériennes –, il peut être paradoxalement difficile de mobiliser le gisement de manière structurée. Cela étant, fort heureusement, de nombreuses entreprises en France pratiquent déjà le recyclage des ferrailles et du matériel roulant ; certaines d'entre elles se sont même spécialisées. Notre pays est le champion d'Europe du désamiantage, lequel précède au recyclage du matériel ferroviaire. Bartin, par exemple, a été l'un des premiers à se spécialiser dans le démantèlement des avions.

Pour être stimulées, ces filières auraient besoin de politiques de vente plus lisibles, puisqu'il s'agit ici de déchets de valeur, négociés par ceux qui les produisent. Les constructeurs automobiles en usent ainsi avec leurs chutes de production. Bref, cela se pratique déjà, de manière tout à fait spontanée ; mais l'on peut certainement faire plus à condition de mobiliser tous les acteurs, et notamment les producteurs des futurs déchets.

Enfin, un problème juridique se pose. Le déchet étant défini comme ce qui est abandonné ou en voie d'abandon, à quel moment un avion va-t-il devenir déchet ? Est-ce en France parce qu'il est sur le territoire français, aux États-Unis parce qu'il y aura atterri ? N'est-ce pas à cause de ce problème que nous, Français, avons souvent laissé fuir nos bateaux en fin de vie – dont celui, particulièrement emblématique, qui fut acheminé vers l'Angleterre – au lieu d'utiliser notre savoir-faire industriel pour les démanteler sur notre territoire ? Ici, le prix n'est pas le seul enjeu : s'y ajoutent le savoir-faire et la préoccupation environnementale.

Rappelons à ce sujet, pour conclure, que nos entreprises adhérentes, toutes installations classées pour la protection de l'environnement, ont beaucoup investi dans ce domaine et s'y montrent exemplaires.

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