Dans mon dernier rapport budgétaire sur l'armée de terre, qui date du mois d'octobre dernier, c'est-à-dire avant les attentats du 13 novembre, je m'interrogeais sur l'utilité de l'opération Sentinelle ; aujourd'hui encore, je suis perplexe. Certes, on peut dire que les bâtiments protégés par l'armée n'ont pas été la cible d'attentats, mais personne n'est en mesure de démontrer que la présence des militaires a été dissuasive. Au demeurant, les services de renseignements ne nous ont pas avertis d'un projet d'attentat visant tel ou tel établissement cultuel. Quoi qu'il en soit, on peut se dire, au vu du rapport entre le nombre des forces mobilisées dans le cadre de cette opération et leur utilité, qu'il faudrait pouvoir redescendre en puissance afin que chacun reprenne son rôle, d'autant que, selon le chef d'état-major des armées, d'autres opérations extérieures ne pourraient être actuellement engagées faute d'effectifs.
J'ai bien entendu vos arguments, monsieur le secrétaire général, mais les armées se trouvent dans une situation qui les conduisent – et vous-même aussi d'ailleurs – à refabriquer la doctrine. Vous nous avez ainsi expliqué que l'armée de terre retrouvait son empreinte, de sorte qu'un rééquilibrage s'était opéré avec la marine et l'armée de l'air. Mais ces théories ont été conçues après le déploiement de 10 000 hommes sur le terrain. Quelle serait la valeur ajoutée des armées si de nouveaux attentats se produisaient ? Je n'en vois pas. En revanche, je sais quelle est l'utilité des militaires pour faire la guerre – à l'intérieur ou à l'extérieur –, qui est tout de même leur véritable métier.