Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 25 mai 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure, DGSE :

C'est une lutte de longue haleine. Je lisais récemment une déclaration d'Abou Mohamed Al-Adnani, le numéro deux de l'organisation. Anticipant la perte de Mossoul, de Raqqah et de Syrte, alors que nous en sommes encore assez loin – même si elle semble inéluctable, dans une échéance de quelques mois –, il disait que cela ne l'empêcherait pas de continuer. Ce serait certes un revers considérable pour Daech, mais, même si l'organisation est militairement vaincue – ce qui, j'en suis persuadé, sera le cas –, la menace prendra une autre forme.

Nous le disions tout à l'heure : il faut traiter les problèmes politiques, dans nos pays aussi. Ce n'est pas de mon ressort, mais nous savons tous que, pour prévenir le phénomène de radicalisation, il faut prendre des mesures politiques, sociales, éducatives. Ce sont des phénomènes profonds dans nos sociétés.

Quand bien même Daech aura été vaincu sur le plan militaire, les services de renseignement savent que la menace subsistera pendant plusieurs années. Le nombre des individus concernés est significatif. N'oublions pas que, pendant toute la guerre d'Afghanistan, il n'y a eu que quelques dizaines – peut-être quarante – djihadistes français. Nous en sommes à plusieurs centaines de Français, auxquels il faut ajouter les francophones, les Tunisiens, les Marocains, et ceux que nous ne connaissons pas.

La question de la résilience de la société française se pose. Cela me rappelle les « années de plomb » qu'ont connues des pays tels que l'Italie, dans des conditions certes complètement différentes. Il faut que la France s'arme, moralement d'abord, pour pouvoir mener cette lutte de très longue haleine.

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