Intervention de Serge Grouard

Réunion du 12 mai 2016 à 9h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

J'ai le sentiment que nous nous trouvons dans une logique défensive, ce que reflète d'ailleurs le titre même de cette commission d'enquête. Depuis quelque temps, je me dis que, même si les dispositifs dont nous discutons sont bien sûr nécessaires, il va bien falloir se poser la question de la stratégie avant de réfléchir aux « moyens mis en oeuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme ». Aussi notre stratégie doit-elle continuer d'être défensive ou bien doit-elle devenir offensive ?

Nous revenons des Balkans. J'ai le sentiment que l'on contrôle de mieux en mieux les aéroports. On n'empêchera pas, évidemment, malgré le solide maillage, une fourmi de passer, mais les contrôles se sont organisés, densifiés et semblent, en tout cas pour la partie française, de plus en plus opératoire.

Je reprends l'exemple des voies terrestres. En Grèce, en 2015, un million de réfugiés sont arrivés. Quelque 500 000 s'y trouveraient toujours sans avoir été identifiés. Beaucoup sont de simples réfugiés qui préféreraient être dans une autre situation, mais il a pu y avoir infiltration parmi eux de terroristes. On nous a par ailleurs parlé de « l'autoroute des Balkans ». Je connais quelque peu cette région et sais qu'il existe de vraies passoires. Comment peut-on contrôler tout cela ? C'est mission impossible. On nous a indiqué que la mer Égée était un lieu de trafic en tous genres. On nous a parlé à ce sujet du « marché des réfugiés »…

Bref, cette région – Istanbul, Athènes, entre les deux – grouille de monde, si bien qu'on cherche en permanence des aiguilles dans une botte de foin. Or comme vos services sont efficaces et bien organisés, vous allez en trouver, des aiguilles, mais pas toutes.

Je n'ai pas de solution mais cette situation me rappelle notre stratégie militaire défensive de 1940. L'idée de la ligne Maginot n'était pas si stupide, mais les Allemands sont passés ailleurs, justement, encore une fois, par la Belgique – il y a des fatalités dans l'histoire.

Mes propos sont certes quelque peu décousus, mais je me heurte, intellectuellement à ce problème. On propose de multiplier les fichiers, les dispositifs… Prenons l'exemple du trafic de drogue : il emprunte également des autoroutes et, bien qu'elles soient connues, la drogue passe tout de même. Que doit-on donc faire ? Voilà quel est l'état de ma réflexion.

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