Intervention de Patrick Pelloux

Réunion du 14 mars 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Patrick Pelloux, médecin urgentiste :

Non. Le jour de l'attentat encore, ils étaient deux policiers, dont l'un était à ses côtés ; l'autre était allé s'occuper de la voiture ou de tâches administratives, comme cela se peut se produire. Comme vous le savez, quand une personne à protéger se trouve dans un endroit clos, le garde reste avec lui mais il ne revient pas à l'État de sécuriser les locaux. Charlie Hebdo était un lieu privé, qui n'était pas sécurisé faute d'argent ; il y avait seulement une porte à code. À l'intérieur des locaux, le bureau du garde se trouvait derrière une porte. Il est très difficile de retracer avec exactitude ce qui s'est passé mais, vraisemblablement, quand une des « ordures » a commencé à tirer, le policier a sorti son arme, mis l'homme en joue et essayé d'armer, mais Cabu, Wolinski et Elsa Cayat, qui s'étaient levés, ont fait écran, et le deuxième terroriste, arrivant par derrière, a tué le policier à revers. Charb avait effectivement une garde rapprochée, et quand le commissariat de police du 11e arrondissement a fait valoir qu'une voiture stationnée devant les locaux du journal ne servait pas à grand-chose et risquait d'être prise pour cible, il n'en a pas été choqué, non plus que nous. Nous avons même pensé que les locaux en seraient ainsi rendus moins visibles – d'ailleurs, c'est sans doute pourquoi les terroristes, qui devaient s'attendre à trouver une voiture de police en faction, ont commencé par se tromper d'adresse. Mais les policiers continuaient d'aller le chercher et de l'amener où il devait aller ; il avait une protection.

Je comprends ce que dit Mme Brinsolaro mais ces événements atroces font maintenant partie des risques du métier. Peut-être cela doit-il entraîner une réflexion chez ces formidables et compétents policiers de protection qui banalisent leur activité professionnelle alors qu'elle ne peut l'être – le drame étant que l'on ne sait jamais quand le coup partira.

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