Intervention de Patrick Pelloux

Réunion du 14 mars 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Patrick Pelloux, médecin urgentiste :

Pour dire les choses crûment, une balle de kalachnikov dans un corps d'enfant faisant un carnage, il y aurait eu énormément de morts et très peu d'enfants auraient pu être sauvés. Cela étant, nous réfléchissons à ces questions avec les hôpitaux pédiatriques, et nous avons de quoi faire. La meilleure stratégie consiste à prendre des mesures d'anticipation et de sécurité innovantes et rapides. Elles ont été expérimentées au moment de l'attaque récemment menée contre le commissariat du 18e arrondissement de Paris : le confinement des enfants dans les écoles a été immédiat. Tout scénario étant possible, y compris l'attaque d'une école ou d'un hôpital, nous devons être prêts à tout et nous y travaillons constamment.

Que le SAMU ait manqué de morphine est une légende, mais nous en avons peu utilisé. Il y a eu deux raisons à cela. La première est que l'on a vu des blessés courir avec des balles dans le ventre ou dans les jambes, dans un état de sidération tel qu'ils nous disaient, comme l'a mentionné Martin Hirsch : « Occupez-vous des autres » ! La peur faisait qu'ils n'avaient pas mal. D'autre part, contrairement à ce qu'a dit un médecin qui ne travaille pas au SAMU de Paris, injecter trop de morphine à des gens en état de choc hémorragique, c'est les tuer. Ce n'est donc pas recommandable, et il ne l'est pas davantage d'intuber sur place les blessés par balle : il faut faire faire cesser l'hémorragie en utilisant les fameux pansements hémostatiques dit « israéliens » dont nous nous sommes dotés. Il faut accélérer l'arrivée dans nos services de ces matériels nouveaux qui permettent de faire des garrots tactiques.

Pour ce qui est des véhicules d'intervention, l'organisation, dans le cadre du plan de circulation « rouge alpha » de la préfecture de police, n'a pas trop mal fonctionné, si ce n'est que nous avons éprouvé des difficultés à manoeuvrer en certains lieux.

Enfin, il est heureux que nos collègues du service de santé des armées aient été là, car ils ont la culture militaire de la prise en charge des blessures par armes de guerre, et c'est essentiel. Je considère la fermeture de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce comme une erreur, mais c'est fait, et les hôpitaux d'instruction des armées Percy et Begin sont formidables.

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