J'étais chef de groupe boulevard Voltaire le soir du 13 novembre. À l'issue des vingt-quatre heures de repos de mon groupe, je partais avec celui-ci à bord d'un véhicule afin de rejoindre le site que nous devions surveiller durant trois jours, lorsque nous sommes arrivés à la hauteur d'un attroupement, plus exactement de personnes qui couraient. Nous avons continué à avancer, jusqu'à parvenir à un civil posté au milieu du boulevard, qui déviait la circulation. Constatant que nous étions militaires, il nous a laissés passer ; une vingtaine de mètres plus loin, nous avons découvert des blessés auxquels les pompiers donnaient les premiers secours. À proximité, des policiers de la BAC 94, en colonne et arme de poing à la main – le policier placé en tête étant équipé d'un fusil à pompe – se tenaient le long d'un bâtiment.
Je suis descendu de mon véhicule afin d'entrer en contact avec les policiers – je ne disposais pas de mes moyens de communication ACROPOL, ceux-ci restant toujours sur le site dont nous assurons la surveillance. Alors que j'étais au centre du boulevard, j'ai entendu une première rafale de tirs, dont je n'ai pu identifier la provenance. Je suis donc retourné m'abriter derrière mon véhicule, en ai fait descendre mon groupe de combat et ai effectué une sûreté 360°. Sur ma droite, j'avais le square du Bataclan, et sur ma gauche, la façade de la salle de spectacle. J'ai demandé à mon adjoint d'appeler notre chef de section, afin de lui rendre compte que nous assistions à une prise à partie au 52, boulevard Voltaire. Une deuxième rafale est partie, d'une origine tout aussi indéterminée que la première. Un policier de la BAC est alors venu me dire que ses collègues étaient au contact avec le ou les tireurs à l'angle de la rue, et m'a demandé un soutien. J'ai envoyé quatre personnels de mon groupe dans cette direction, et confié à quatre autres la mission de sécuriser le square et d'évacuer les civils, notamment des journalistes, qui s'y trouvaient.
Les policiers se sont ensuite positionnés face au passage Saint-Pierre-Amelot, juste avant que les premiers éléments de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) et du RAID n'arrivent, et que nous ne sécurisions leur mise en place avant l'assaut qui devait être donné puis, une fois l'assaut effectué, que nous ne couvrions leurs arrières afin d'éviter un sur-attentat par un individu embusqué. Nous sommes ensuite restés sur place le temps de l'évacuation des blessés, et n'avons quitté les lieux que vers cinq heures, afin de nous rendre sur les emplacements dont nous devions assurer la surveillance le lendemain.