Intervention de Philippe Goujon

Réunion du 14 mars 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

Mon colonel, je vous exprime toute notre admiration devant le courage de vos hommes.

J'aimerais savoir si vous considérez que la chaîne hiérarchique de commandement pourrait faire l'objet de certaines améliorations. Par ailleurs, pouvez-vous nous expliquer comment vous suivez l'évolution d'un événement auquel vos hommes prennent part, dans quelles circonstances vous pouvez être amené à demander des renforts, et quelles sont les difficultés de transmission auxquelles vous estimez avoir été confronté ?

Enfin, l'armement et les munitions dont vous êtes dotés vous paraissent-ils adéquats pour mener à bien une mission comme celle du 13 novembre ?

Lieutenant-colonel D. D. Je pense que la chaîne de commandement telle qu'elle a été réorganisée fin octobre était pertinente d'un point de vue organique, dans la mesure où elle permettait une grande fluidité de l'engagement à tous les niveaux. Pour ce qui est des informations arrivant au niveau du commandement, sans doute les choses sont-elles perfectibles, comme elles le sont partout : il est évident que mieux un chef est renseigné, plus il dispose d'une vision claire de la situation. Pour ce qui est des liaisons avec les forces de sécurité intérieure, elles pourraient être renforcées, comme je l'ai déjà souligné en regrettant que le chef tactique d'état-major que je suis n'ait pu communiquer avec son homologue des forces de sécurité intérieure afin de faire un point de la situation : cette possibilité existe aux niveaux supérieur et inférieur, mais pas à mon niveau intermédiaire.

En ce qui concerne les moyens de liaison, je répète que si nous utilisons des téléphones portables dans le cadre de l'opération Sentinelle, c'est parce qu'il s'agit du moyen le mieux adapté à notre mission sur le plan technique : cela nous permet de disposer de comptes rendus réguliers des événements constatés sur les différents sites – par exemple, la découverte d'un colis suspect –, alors que les matériels utilisés en opérations extérieures ne nous permettraient sans doute pas de communiquer à partir d'une gare située en sous-sol. Cela dit, en période de crise, force est de constater que nous parvenons rapidement à saturation quand dix-neuf unités élémentaires tentent de me joindre simultanément. Le soir du 13 novembre, j'ai également craint que ne soit activée une « bulle de silence » entraînant la désactivation des portables dans un rayon donné, ce qui n'a heureusement pas été le cas. Si cela s'était produit, j'avais prévu de me rendre dans un café afin que mon PC établisse une communication avec le CO supérieur au moyen d'une ligne fixe.

Enfin, l'armement dont nous disposons, à savoir le fusil d'assaut FAMAS, nous donne toute satisfaction dans la mesure où il nous permet de tirer avec une grande précision à une distance variant de 25 mètres à 400 mètres – en binôme avec des jumelles dans ce dernier cas.

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