J'estime mon heure d'arrivée au Bataclan aux alentours de 22 heures. Vers 21 h 45, j'ai été en contact téléphonique avec mon chef – le fameux commissaire qui a pénétré dans le Bataclan – et je progresse donc très rapidement, sachant qu'il est à l'intérieur du bâtiment et a besoin de renforts. Nous arrivons à cinq : trois fonctionnaires civils de la BAC 75N, mon chauffeur et moi-même. Nous arrêtons le véhicule en amont d'Oberkampf et progressons à pied le long des bâtiments. Nous croisons des blessés, des piétons qui n'ont pas encore compris ce qui se passait et à qui l'on demande de s'extraire rapidement. Nous tombons également sur des employés du Bataclan qui vont nous faire un schéma des sorties de secours et du site, car, à ce moment-là, nous ne disposons pas encore du plan de l'établissement.
Je retrouve mon chef et son équipier devant le sas d'entrée où se trouvent plusieurs cadavres. Nous tâchons de comprendre où sont passés les hostiles, ce dont nous n'avons aucune idée. C'est alors que nous allons avoir un premier visuel de ce que nous pensons être l'un des terroristes, aperçu au niveau de l'une des fenêtres centrales du premier étage. Nous apprendrons par la suite que certains otages avaient été positionnés au niveau des fenêtres, et nous ne saurons finalement jamais s'il s'agissait bien d'un terroriste.