J'ai pour ma part passé la soirée dans le passage Saint-Pierre-Amelot, sur lequel donne la porte arrière du Bataclan. Lorsque j'arrive sur le site du Bataclan, vers 22 h 10, après être passé au Comptoir Voltaire où l'un des terroristes vient de se faire exploser, la présence policière devant l'entrée principale est très importante. Je décide donc de faire le tour jusqu'au passage Saint-Pierre-Amelot, où je retrouve plusieurs unités de police qui se mettent spontanément à ma disposition puisque je porte mon grade sur mon gilet tactique. À partir de là, nous effectuons une reconnaissance pédestre du passage jusqu'à la porte arrière du Bataclan, où nous allons être requis par des passants, pour nous rendre dans une résidence où se sont réfugiés, dans les parties communes, dans les étages, cinquante-deux spectateurs non blessés et vingt-six blessés par balles.
Nous allons faire appel aux sapeurs-pompiers. Ils ne viennent pas jusqu'à nous parce que le secteur n'est pas sécurisé, et il me faut donc repartir à pied jusqu'au PC sécurité, où je demande à un capitaine des pompiers de me libérer quelques-uns de ses effectifs en réserve d'intervention pour entrer dans le Bataclan au moment de l'assaut. Une vingtaine de pompiers vont ainsi m'être dépêchés : ils vont pouvoir, sous l'appui feu des effectifs que j'ai placés à une vingtaine de mètres de la sortie arrière du Bataclan, récupérer les vingt-six blessés, qui seront tous sauvés.
Quelques minutes après cette intervention, je demande à la colonne que je commande de m'accompagner pour une reconnaissance, jusqu'à la porte arrière du Bataclan. C'est à ce moment-là que nous verrons, à l'intérieur du bâtiment, un otage, les mains en l'air – les terroristes étant probablement dans son dos. Nous communiquons avec ce bouclier humain par des regards, ce dont nous rendons compte à la BRI.