Mais la zone euro apparaît jusqu'à présent suffisamment viable. On peut la rendre plus agréable à vivre en augmentant l'efficacité des systèmes sociaux ; mais n'attendons pas, dans les années à venir, de moyens financiers supplémentaires, quel que soit le nom que l'on donne à la source budgétaire envisagée. On peut tout à fait constituer des fonds de prêt ou utiliser le mécanisme européen de stabilité (MES) d'une manière différente, les sommes remboursées par les États qui en ont bénéficié pouvant être utilisées pour financer des investissements de compétitivité. Mais ne nous faisons pas d'illusions en matière de financements définitifs.
Les budgets nationaux représentent la deuxième branche du dilemme. L'Union européenne peut certes formuler des recommandations budgétaires et économiques plus ou moins contraignantes ainsi que des préconisations fiscales ou sociales. Le problème, d'ordre politique, est alors de savoir jusqu'où va la légitimité des organes de l'Union en matière de politique sociale des États membres. Tout porte à croire que l'on devrait en sentir les limites très rapidement.
Étant donné ce dilemme, la seule méthode concrète – certes, modeste – dont on pourrait faire un bien meilleur usage renvoie à ce que les Anglais appellent blame and shame. Les indicateurs dont on dispose devraient être régulièrement publiés et débattus ; constatant que la France présente des résultats médiocres dans tel ou tel domaine social, nous devrions en tirer nous-mêmes toutes les conséquences. L'Union européenne peut fournir l'information et la comparaison ; à nous ensuite d'agir.