Intervention de Veronica Nilsson

Réunion du 18 février 2014 à 17h15
Commission des affaires européennes

Veronica Nilsson, secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats :

Comme je l'ai déjà souligné, nombre d'indicateurs me paraissent plus importants que ceux proposés par la Commission. Quant à savoir s'il faut ou non les rendre contraignants, n'oublions pas que s'ils ne servent pas à corriger la politique macroéconomique, ils ne servent à rien. En revanche, comme l'a noté Mme Fernandes, il faut privilégier les incitations positives et non les sanctions. En effet, sanctionner la Grèce ou le Portugal parce que le chômage y est trop élevé ne ferait qu'aggraver la situation. Il faut, au contraire, faire de ces enjeux des priorités ; à côté des incitations financières, on peut également envisager d'exclure du calcul de la dette une série d'éléments tels que l'éducation ou certains investissements.

S'agissant du salaire minimum, notre interprétation est aux antipodes de celle de la Commission. Ainsi, notre affilié slovène nous dépeint un tout autre tableau de la situation : dans le cadre des négociations, le ministre de l'emploi insiste sur le fait que la Commission fait pression sur le gouvernement, exigeant des baisses de salaires. De fait, la Commission et les gouvernements – tout comme la troïka et les pays placés sous programme d'aide financière – se livrent à un jeu permanent où chaque protagoniste renvoie la responsabilité sur l'autre. À chacun de juger où se trouve la vérité, mais la situation qui en résulte est très insatisfaisante.

Certains pays européens ne disposent pas d'un salaire minimum légal, les partenaires sociaux étant libres de le négocier ; d'autres l'ont au contraire fixé dans la loi. Nous soutenons les deux systèmes ; mais les salaires minima légaux existants devraient respecter les recommandations du Conseil de l'Europe qui conseille de les fixer à 60 % du salaire moyen du pays – niveau qui n'est atteint que dans un seul pays européen. Le salaire minimum apparaît donc déjà bien trop bas et mériterait d'être augmenté.

Si beaucoup de choses marchent bien en Europe, on ne peut malheureusement pas parler de progrès social ; au contraire, on assiste à un recul – particulièrement en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Italie. Le peu d'initiative dont la Commission fait preuve dans ce domaine est parfaitement illustré par la question des travailleurs détachés qu'a évoquée M. Dumas. Si nous appelons aussi de nos voeux une directive susceptible de protéger les travailleurs, la proposition de la Commission apparaît trop faible, et le compromis entériné par le Conseil des ministres du travail de l'Union européenne le 9 décembre ne risque pas d'améliorer la situation. En effet, les nombreuses restrictions qui émaillent la « liste ouverte » des mesures finalement adoptée rendront les opérations de contrôle encore plus difficiles qu'aujourd'hui. Cet immobilisme européen en matière sociale est dû au manque de volonté politique et aux divisions entre les pays membres dont certains sont explicitement opposés aux standards sociaux.

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