Madame, je vous remercie pour la clarté de vos propos, avec lesquels je suis « moyennement » d'accord, et je vais vous dire pourquoi.
D'abord, vos propositions représentent un recul de plusieurs dizaines d'années, ne serait-ce que par rapport à l'accord que vous avez signé en 1982, et qui avait abouti à une réduction du temps de travail à 38 heures 30, encore effective aujourd'hui.
Ensuite, je ne connais pas la structure actuelle de l'UIMM et les différentes entreprises que vous représentez, mais je tiens à rappeler quelques points.
Premièrement, les 35 heures ont permis une modération salariale réelle, que personne ne conteste.
Deuxièmement, la productivité, selon les calculs de certains instituts, a augmenté de 4 à 5 %, ce qui est probablement vrai aussi dans la métallurgie. Ce qui signifie que les 11 % d'augmentation des salaires que vous attribuez au passage aux 35 heures ont été compensés en tout ou partie.
Troisièmement, vous nous avez indiqué que malgré les possibilités offertes par la loi, de nombreuses entreprises ne tenaient absolument pas à renégocier quoi que ce soit. Vous avez dégagé quatre raisons à cela : le manque d'activité, la résistance des syndicats et celles des salariés, la complexité des textes et les coûts.
Je comprends la résistance des salariés. Ceux que je rencontre sont assez favorables à l'idée que l'on ne touche pas à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle acquis – parfois difficilement – grâce aux 35 heures. Mais je m'étonne que vous ayez insisté sur la complexité des textes : vous avez négocié les heures supplémentaires et le repos obligatoire. Après tout, c'est votre métier et je ne vois pas en quoi ce serait si compliqué.
Enfin, vous avez invoqué des raisons de coût. Il est évident que le fait de passer de 35 à 39 heures diminuerait le déclenchement des heures supplémentaires, ce qui vous permettrait de faire des économies. Mais, sans connaître l'échelle des salaires dans votre branche, je m'interroge : que voudriez-vous de plus ? Déjà, les cotisations sociales ont été allégées au moment du passage aux 35 heures, puis elles ont été supprimées jusqu'à 1,6 SMIC environ. Je m'étonne de ce vous demandez, d'autant plus que les salariés vont résister et que les entreprises ne tiennent pas à renégocier.
En conclusion, je comprends le discours du MEDEF que vous représentez. Mais ce discours, qui est malheureusement repris par nos adversaires politiques, ne se nourrit d'aucun élément qui permette de penser que vous pourriez ainsi créer un nombre considérable d'emplois.