Intervention de Charles de La Verpillière

Réunion du 20 octobre 2015 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de La Verpillière :

Personne ici ne le conteste, la Turquie est un acteur incontournable de la crise des migrants et de celle qui fait rage au Moyen-Orient et en Méditerranée. D'abord, il s'agit d'une grande puissance régionale sunnite. Ensuite, elle est frontalière des États en guerre où sévit Daech. En outre, elle accueille 2 millions de personnes déplacées qui ont fui les zones de combat. Enfin, elle sait très bien ouvrir ou fermer le robinet de l'émigration vers l'Europe. Il faut donc évidemment discuter avec elle à un moment ou à un autre.

Il me semble pourtant – François Fillon l'a expliqué cet après-midi bien mieux que je ne saurais le faire – que le processus de négociation entre l'Union européenne et la Turquie s'engage sous de très mauvais auspices. Dans cette affaire, la France n'a pas fait entendre assez fortement sa voix. L'adhésion de la Turquie ne devrait pas entrer en jeu dans la discussion, elle ne devrait pas être un élément du marchandage, et la France aurait dû réagir très fermement sur ce point.

En outre, le moment où s'engage ce processus de négociation est très mal choisi, quelques semaines voire quelques jours avant les élections en Turquie. On sait que l'attitude de la Turquie vis-à-vis des Kurdes et même de Daech est pour le moins ambiguë. Le régime de M. Erdoğan s'oriente de plus en plus vers un système autoritaire et l'on a vu qu'il ne reculait pas devant des manipulations électorales, notamment après le terrible attentat d'Ankara. On peut aussi – mais peut-être vais-je trop loin – se demander si la Turquie respecte toujours les standards démocratiques européens. Quelle est la position de la France sur ce point ?

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