Intervention de René Bailly

Réunion du 26 mai 2016 à 9h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

René Bailly, directeur du renseignement à la préfecture de police de Paris :

Vous me demandez de justifier l'existence du service que je dirige actuellement. Je ne peux en parler qu'à travers l'activité que nous développons.

Je peux ainsi vous informer que les investigations que nous avons menées dans le cadre de la lutte anti-terroriste ces dernières années ont permis à la DGSI et à la PJ du 36 quai des Orfèvres de démanteler des réseaux terroristes.

Je peux aussi vous citer le réseau Forsane Alizza, que nous avons identifié en 2012 et dont personne n'avait connaissance. Nos investigations se poursuivant, nous nous sommes aperçus qu'il « étoilait » sur l'ensemble du territoire national, ce qui a permis à la DGSI de préempter ce dossier – chose tout à fait normale –, de le judiciariser et d'interpeller une quinzaine d'individus, dont un commando bien identifié qui s'apprêtait à commettre des attentats dans la capitale et, notamment, à éliminer le recteur Dalil Boubakeur. Les faits ont été établis, jugés et condamnés.

Nous avons détecté récemment un autre réseau appelé Sanabil – « le blé » en arabe –, piloté par un individu qui apparaissait déjà lorsque j'étais à la DCRG, dans la commune d'Artigat, dont sont issus les frères Clain – qui ont revendiqué les attentats du 13 novembre commis à Paris – et qui a généré le jeune Mohamed Merah. Ce réseau a été démantelé. Ses avoirs ont été gelés, puisque l'aide et le soutien moral que cette association prétend apporter aux détenus sont essentiellement consacrés à des détenus inculpés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Bref, l'affaire est partie de la DRPP et a été exploitée par la DGSI.

Voilà quelques exemples marquants de nos activités. Je ne vous citerai pas, tant elles sont nombreuses, toutes les notes d'information que nous avons rédigées sur des groupes se livrant à du trafic d'armes ou de faux papiers et servant la cause terroriste. La facture de tous les attentats de Paris est relativement modeste, presqu'autant que le budget de la DRPP, pour commettre les pires atrocités dans la capitale depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous contribuons donc malgré tout, sans nécessairement en faire la publicité, à la lutte antiterroriste. Quand la DGSI revendique le démantèlement d'un certain nombre de réseaux depuis 2013, je peux vous dire que la DRPP y a apporté, malgré ses modestes moyens, une contribution non négligeable. L'information que nous communiquons quotidiennement doit aussi être recherchée et travaillée. Je pense donc sincèrement que nous apportons une plus-value à l'information globale détenue par la DGSI.

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