L'information dont je dispose concernant cette menace est connue de tout le monde. Je pense que l'Euro 2016, tribune internationale, constitue une cible prioritaire de frappe pour Daech – qui ne s'en cache pas. Cela a été révélé lors de certaines arrestations. Les terroristes ont déjà tenté de frapper le Stade de France. Si Daech pouvait interdire la tenue de l'Euro 2016, ne serait-ce qu'en frappant, il le ferait. De plus, les matchs n'auront pas lieu seulement à Paris ; Daech sera peut-être tenté de faire ailleurs ce qu'il ne peut faire dans la capitale. Aucun service – pas mêmes les grands services extérieurs – n'avait présumé, avant le 13 novembre, qu'il y aurait des attentats kamikazes, malgré les nombreuses analyses effectuées.
Je suis très terre-à-terre sur ces questions. Je fais confiance au travail basique des policiers, aux filatures et aux surveillances. Je sais que nos collègues de la DGSI en tiennent compte aussi, mais ils sont prioritairement orientés vers la technique. Bien évidemment, il faut de la technique, puisque l'ennemi l'utilise, mais elle ne résoudra pas tout. Dans la lutte antiterroriste, il nous faut aussi des sources humaines, de la « pâte humaine ». Pour en revenir à la menace pesant sur l'Euro 2016, comme à celle de 2013, il faut aussi faire appel à sa mémoire : on a su, dans la mesure où un hebdomadaire l'avait publié, que le Bataclan n'était pas une cible sortie du chapeau de Farouk Abbes, qui en avait parlé dès 2009. Cela ne relève pas strictement du domaine de compétence de la DRPP. Il faut, à cet égard, partager avec les autres le devoir de mémoire.