Intervention de René Bailly

Réunion du 26 mai 2016 à 9h30
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

René Bailly, directeur du renseignement à la préfecture de police de Paris :

Pour répondre sur la judiciarisation : c'est le principe de réalité qui s'impose. Nous le faisons lorsque nous nous apercevons que des individus que nous surveillons commencent à changer de comportement – et je ne parle pas simplement d'attributs physiques : ceux que je redoute le plus sont ceux qui me ressemblent physiquement, et non ceux qui ont des signes distinctifs. Nous le faisons dès lors que nous sentons entre ces individus une petite cohésion, et qu'ils font du trafic d'armes ou de pièces mécaniques permettant de récupérer de l'argent, ou encore qu'ils prennent des crédits. Amedy Coulibaly a financé son opération en prenant un crédit Cofinoga pour l'achat d'une Austin à 30 000 euros, qu'il a immédiatement revendue 20 000 euros. Cela lui a permis d'acheter des Kalachnikov et des Tokarev – mais pas sur le site du Bon Coin ni ailleurs sur internet. Il lui a fallu sortir de chez lui pour rencontrer quelqu'un, qui n'était pas forcément un islamiste radical, et qui a été mesure de lui fournir des armes. Dès lors que nous nous apercevons de trafics de ce type, nous ne cherchons pas plus loin : nous transmettons immédiatement l'information pour exploitation à la PJ ou à la DGSI, qui nous disent alors de continuer notre surveillance et de les aviser si tel ou tel comportement est intéressant à judiciariser. Nous sommes pilotés en vue d'une saisine judiciaire. Il me semble important de le faire très en amont, et c'est pourquoi j'avertis systématiquement la PJ de toutes les investigations que nous menons sur des individus potentiellement dangereux.

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