Intervention de Michel Piron

Réunion du 2 novembre 2015 à 17h10
Commission élargie : finances - affaires culturelles - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, pour le programme 175 « Patrimoines » :

Le budget du programme 175 est en hausse et les subventions retranchées aux opérateurs lors des exercices 2013 et 2014 leur sont partiellement restituées : le Gouvernement s'en réjouit, et c'est bien compréhensible. Les autorisations d'engagement sont relevées de 165,5 millions d'euros. Les crédits de paiement augmentent de 121 millions d'euros, dont 118 servent à reconstituer la dotation des opérateurs de l'archéologie préventive. Cette reconstitution mise à part, les crédits de paiement sont à peu près reconduits. En revanche, les autorisations d'engagement augmentent de 48 millions d'euros : 17,45 millions d'euros permettront de financer un nouveau stockage d'archives à Pierrefitte-sur-Seine, les châteaux de Versailles et de Fontainebleau se partageant 19 millions d'euros pour effectuer différents travaux.

Je me permets de glisser ici que nous restons loin du budget de 2012.

Le chantier du Grand Palais se voit allouer 11 millions d'euros. L'état de ce bâtiment est très préoccupant, comme j'ai pu le vérifier moi-même en parcourant la toiture : plus de 20 000 mètres carrés de toiture doivent être vérifiés. Les visiteurs des expositions du Grand Palais savent-ils qu'ils sont, sur une surface très importante, protégés par des bâches ? De plus, la logistique est très compliquée : il faut parfois détruire des cloisons pour faire rentrer des oeuvres d'art, avant de les reconstruire lorsque les oeuvres sont reparties… Voilà où nous en sommes.

Ce n'est pas sans conséquence sur l'organisation des expositions. Ce bâtiment est en réalité largement sous-utilisé, parce qu'on ne sait pas l'utiliser convenablement. La restauration et la mise aux normes de l'ensemble ont été évaluées à 430 ou 440 millions d'euros, dont 200 millions restent à trouver.

Quant aux musées, plusieurs modèles cohabitent désormais – musées stricto sensu et établissements publics de coopération culturelle notamment. Il y a le Louvre, mais aussi le Louvre-Lens ; il y a le Centre Pompidou, mais aussi le Centre Pompidou-Metz ; il y a les musées nationaux et les musées territoriaux… Ces différents modèles doivent nous amener à nous interroger.

Les autorités centrales et locales de la Ve République ont beaucoup investi dans les musées, et cette politique a obtenu des résultats spectaculaires, puisque la fréquentation des musées nationaux a triplé, celle des autres musées de France doublé. Mais les autorités qui ont financé les investissements peinent désormais, à l'évidence, à conserver les dotations de fonctionnement de ces établissements. Très peu de musées peuvent en effet vivre de leurs recettes d'exploitation : à Paris, cela ne concerne que le musée d'Orsay et le musée Rodin. Les lois fiscales et successorales ont certes fait beaucoup pour soutenir le mécénat et l'acquisition d'oeuvres d'art ; mais les dons privilégient les institutions les plus célèbres et les plus fréquentées.

Ce budget est donc sans doute plus un budget de consolation que de promotion. Vous comprendrez que le rapporteur que je suis s'en remette à la sagesse de l'Assemblée nationale.

Je voudrais, en conclusion, vous poser plusieurs questions.

S'agissant du Grand Palais, espérez-vous obtenir les 200 millions manquants, et quand ? Il s'agit d'une urgence.

La Cité de l'architecture et du patrimoine devra assumer la charge de l'entretien de l'ensemble du palais de Chaillot en 2016. La Cour des comptes estime qu'une dotation supplémentaire est nécessaire, ainsi que des postes. Qu'en pensez-vous ?

Le musée du Quai Branly pourrait présenter un budget pour 2016 en déficit de 5 millions d'euros. Comment envisagez-vous de couvrir ce déficit ?

Enfin, vous avez annoncé le 30 septembre dernier l'acquisition conjointe par la France et les Pays-Bas, auprès d'un particulier résidant en France, des portraits du marchand Marten Soolmans et de son épouse Oopjen Coppit, peints par Rembrandt. Vous avez évoqué une « solution inédite » permettant de ne pas séparer les deux toiles : s'agit-il d'un achat en indivision ? Comment seront exposées les deux toiles ? Et, puisque nous siégeons aujourd'hui avec la Commission des finances, cet achat entraînera-t-il une déduction fiscale importante ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion