La période actuelle n'est pas un mauvais moment à passer, madame la rapporteure. Il faut en effet réussir la mutation en cours, mais je suis optimiste : nous avons affaire à de très nombreuses associations dynamiques qui, loin d'être freinées par des pesanteurs – y compris par le facteur démographique que vous avez cité –, cherchent à s'en sortir. La loi relative à l'économie sociale et solidaire va d'ailleurs en accroître le nombre. Vous avez évoqué un risque de dualisation. Soyons clairs : les associations qui ne pourront pas s'adapter disparaîtront en effet, car elles ne pourront pas continuer à vivoter. Sauf – et c'est tant mieux – celles qui s'appuient sur des bénévoles et qui fonctionnent hors du champ économique, mais elles correspondent davantage au modèle anglo-saxon qu'au nôtre.
Il existe en effet, monsieur Reiss, d'autres réseaux que France Active dans le domaine de la création d'entreprise : Initiative France, l'Association pour le droit à l'initiative économique, les boutiques de gestion. Ce domaine a d'ailleurs connu, lui aussi, des évolutions. Lorsque j'ai commencé à présider France Active, les différents réseaux se regardaient en chiens de faïence et se disputaient la clientèle. Tel n'est plus le cas aujourd'hui. Nous avons constaté qu'environ un tiers des créateurs d'entreprise, d'une part, et un peu moins d'un tiers des associations, d'autre part, étaient accompagnés. Nous nous coordonnons désormais au niveau régional, notamment en Alsace, pour aller au devant des deux tiers d'associations qui sont pour l'instant livrées à elles-mêmes et qui risquent de disparaître.
Je suis tout à fait prêt à partir à l'assaut de Bercy avec vous, monsieur Juanico ! Nous devons mener une bataille à la fois idéologique et concrète : les associations ont besoin de constituer des réserves non pas pour vivre, mais pour survivre.
Plutôt que de créer un guichet unique, il convient de favoriser la coordination régionale. Les conseils régionaux et les préfets incitent tous les acteurs à travailler ensemble. Nécessité fait coordination. Nous allons dans la bonne direction de ce point de vue.
Vous suggérez, monsieur Marsac, de passer de la subvention à la garantie. D'une manière générale, nous avons beaucoup évoqué les outils au cours de la table ronde. Or l'approche de France Active a changé : auparavant nous développions des outils ; désormais, nous partons des besoins de l'association bénéficiaire et nous cherchons à lui donner les conseils gratuits les plus adaptés et à lui proposer le meilleur « paquet » financier pour l'aider non seulement à survivre, mais à prospérer. À cet égard, il faudrait demander plus souvent aux associations des bilans non seulement financiers – le financement n'est qu'un moyen pour exercer des missions –, mais qualitatifs, avec des indicateurs de performance sociale et environnementale, qui permettent, par exemple, de mesurer leur contribution à l'emploi ou à la cohésion sociale dans tel ou tel quartier.
La mutualisation est culturellement difficile à mettre en oeuvre, monsieur le président : nos concitoyens – tout comme nous, probablement – y sont réticents. Nous avons des expériences, y compris à France Active, en matière de mutualisation des achats, ce qui permet de réduire les coûts. En tout cas, la mutualisation est infiniment préférable à la fusion, que des cabinets d'étude pourraient recommander un peu rapidement : la fusion n'est pas nécessairement synonyme d'une efficacité accrue.