Je partage le constat de M. Pépin, mais je pense qu'il aurait été intéressant de déconnecter les approches retenues pour la sphère publique et la sphère privée, régies par des modèles économiques très différents. On a sous-estimé, en instaurant les 35 heures, le coût de leur transposition dans la fonction publique, qui a pesé sur toute la collectivité, donc sur les entreprises.
Le système faisait l'hypothèse que le nouveau dispositif permettrait des gains de productivité, dont le bénéfice s'ajouterait à celui de la croissance. Les meilleurs économistes français et anglo-saxons évoquent un épuisement de ces gains : le bénéfice des nouvelles technologies ne peut être comparé à celui des inventions antérieures, comme la machine à laver. Ils constatent en outre l'affaiblissement de notre système productif. Si les entreprises – même les plus grandes – s'interrogent sur le temps de travail, c'est parce que l'économie mondialisée leur impose de nouveaux défis. Le contexte actuel n'a plus rien à voir avec celui dans lequel les lois Aubry ont été votées. La loi de 2008 rappelle la nécessité d'une approche négociée au niveau de l'entreprise, que certains économistes présentaient dès 2000 comme l'échelon de réflexion le plus pertinent.