Comme cela a été dit, la question des migrations est très complexe, et ne saurait être abordée uniquement sous l'angle de l'accueil des migrants ou du contrôle des frontières extérieures : je ne connais en effet aucune frontière qui soit totalement hermétique, pas même la Grande Muraille de Chine ou le rideau de fer.
Le premier moyen d'agir est celui des annonces politiques, car nous ne devons jamais perdre de vue que nous vivons dans un village planétaire, où les moyens de communication permettent la transmission instantanée des informations en tout point du globe. J'étais en Arabie Saoudite et en Jordanie lorsque Mme Merkel a déclaré que l'Allemagne allait accueillir 800 000 personnes, et je peux vous dire que cette annonce a eu un effet dévastateur : la nouvelle s'est immédiatement répandue, interprétée comme le signal d'une ouverture totale des frontières et une invitation à se rendre en Europe. Par ailleurs, certains États du Proche-Orient y ont vu une belle occasion de donner libre cours à leur volonté cynique d'envoyer des réfugiés en Europe – je pense à la Turquie, et dans une certaine mesure à la Syrie. Il me semble donc que nous devrions nous mettre d'accord au niveau européen – nul besoin d'un règlement pour cela – sur l'idée qu'il ne faut pas faire d'annonces de ce genre. Il y a quelques années, les régularisations massives d'immigrés en Espagne avaient déjà eu les conséquences que l'on sait, à avoir un afflux immédiat de migrants à Ceuta et Melilla, ces deux enclaves espagnoles situées sur la côte méditerranéenne du Maroc – au grand dam du ministre de l'intérieur français de l'époque, Jean-Pierre Chevènement.
Le second moyen d'agir sur les migrations est d'intervenir à la source. Si l'Europe, et la France en particulier, continuent à faire preuve d'aveuglement en alignant, en ce qui concerne les conflits au Proche-Orient, leur politique sur celle de l'Arabie saoudite pour des motifs financiers, nous allons droit dans le mur : nous devons revoir notre façon de concourir au règlement de cette guerre civile et par proxy.
Il est par ailleurs un problème qui n'est jamais abordé, celui de la croissance démographique démentielle observée dans un certain nombre d'États. Ainsi l'Égypte, qui comptait 22 millions d'habitants en 1970, en compte-t-elle 88 millions aujourd'hui, et en totalisera 140 millions dans vingt-cinq ans. Il est impossible à un État de se stabiliser sur le plan interne avec une telle croissance démographique, et si l'Europe n'a pas la volonté de discuter franchement de ce problème avec les États concernés, vous pouvez être certains que nous allons avoir des lendemains qui déchantent.