Intervention de Joaquim Pueyo

Réunion du 3 novembre 2015 à 18h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo :

À mon sens, la question de la politique migratoire ne pourra être traitée qu'au niveau européen, au moyen d'une forte coopération entre tous les États membres de l'Union européenne. Cette question met en évidence une triple responsabilité de notre part.

Premièrement, il ne faut pas céder à la facilité consistant à rejeter la faute sur l'Europe, mais plutôt s'efforcer d'expliquer à l'opinion publique la situation très complexe à laquelle nous devons faire face. À cet égard, il est impératif de renforcer les moyens de l'agence Frontex, à qui nous demandons chaque jour un peu plus ; si nous souhaitons que cette agence remplisse ses rôles de sécurisation de l'ensemble de nos frontières extérieures, mais aussi de coordination de la politique migratoire définie au niveau européen, elle doit disposer des moyens budgétaires, humains et juridiques nécessaires pour accomplir sa mission.

Deuxièmement, nous avons le devoir de répondre à la crise migratoire de la façon la plus humaine possible, en faisant en sorte que chaque État prenne sa part. Je ne suis pas du tout convaincu que les Afghans qui se trouvent à Calais viennent en France par plaisir, pour se mettre au chaud : cette réflexion de M. Gollnisch m'a beaucoup étonné. La répartition des réfugiés est indispensable si nous voulons respecter la solidarité européenne, et les États membres doivent participer humainement, mais aussi financièrement, à la résolution de cette crise. Ainsi, nous ne devons pas laisser aux États en première ligne, ceux où se trouvent les centres d'accueil – la Grèce, l'Italie et certains pays des Balkans – la totalité de la charge financière résultant de l'accueil des migrants. Les centres qui doivent permettre de différencier les migrants éligibles au statut de réfugiés et ceux qui tentent de rejoindre le continent européen pour d'autres motifs, si compréhensibles soient-ils, constituent une première réponse nécessaire. Cela dit, de nombreuses questions subsistent quant à la façon dont ces centres seront mis en place et gérés, et quant à l'implication des États membres. Selon moi, il faut s'assurer de la mise en place de procédures standardisées pour assurer l'efficacité et l'équité des décisions prises. Comme je l'ai déjà souligné, la sécurité et l'encadrement de ces centres doivent incomber aux États membres, mais il me semble que l'aspect technique devrait permettre une supervision par les institutions ou les agences de l'Union comme Frontex.

Troisièmement, enfin, la responsabilité de l'Union est aussi d'aider à traiter les causes du problème. À l'heure actuelle, 12 millions de Syriens ont besoin d'une aide humanitaire, et l'Union et les États membres ont débloqué 4,2 milliards d'euros pour cela, mais nous ne pouvons-nous contenter d'appliquer des pansements sur des plaies béantes. La diplomatie européenne doit pouvoir jouer un rôle dans la résolution de ce conflit, et cela passe par la définition d'une position commune. Il nous faut aussi garantir les fonds consacrés au développement, afin de répondre au problème que rencontrent les migrants économiques. Toutes nos actions doivent viser à ce que ces hommes et ces femmes n'aient pas à quitter leur pays en risquant leur vie. À ceux qui remettent sans cesse l'Europe en question, je dis que nous avons plus que jamais besoin de l'Europe pour traiter les problèmes migratoires.

M. Gollnisch, vous avez dit que les Émirats arabes unis et le Qatar, par exemple, ne faisaient rien. Mais savez-vous que les Émirats comptent actuellement plus de 6 millions d'étrangers sur leur sol, pour un total de 7 millions d'habitants ? Savez-vous que la Jordanie accueille en ce moment même de nombreux Syriens ?

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