Intervention de André Gattolin

Réunion du 3 novembre 2015 à 18h00
Commission des affaires européennes

André Gattolin, Sénateur :

On tend effectivement à effacer les engagements de l'Union européenne en matière d'énergies renouvelables et surtout d'efficience énergétique en se focalisant sur un seul indicateur : la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'Union européenne est-elle réellement la bonne élève que vous avez décrite, madame la présidente ? En réalité, la réduction des émissions a résulté du très fort ralentissement de la croissance, et si la transition énergétique a été engagée par certains pays, ce n'est pas sans paradoxes ; ainsi, en Allemagne, tout en utilisant davantage les énergies éolienne et solaire, on en est aussi revenu à l'exploitation plus marquée du charbon. Nous n'en sommes donc qu'aux prémices de la transition écologique, et l'on oublie souvent que l'on ne parviendra à réduire réellement les émissions de gaz à effet de serre qu'en associant transition énergétique, plus grande efficience et moindre gaspillage.

Les objectifs apparents, plus ou moins contraignants, que se fixent les États sont parfois arrangés, soit en raison de l'imprécision des dates auxquelles ils sont dits devoir être respectés, soit que leur détermination tienne compte des puits de carbone naturels. Ainsi, le Canada et la Russie intègrent dans leurs calculs leurs vastes étendues de toundra ou de forêt boréale pour augmenter leurs objectifs d'émissions industrielles. Il faudra donc analyser précisément les objectifs pays par pays.

Au-delà des États, les grandes agglomérations et les territoires agissent en faveur de changement climatique, mais aussi les financiers. Ainsi Rockefeller & Cie, tout comme le fonds souverain norvégien, ont-ils décidé de désinvestir de l'économie carbonée. Si cette démarche se cumule aux engagements pris par les métropoles, où se concentrent les effets du changement climatique, un espoir peut naître. Enfin, sachant que les pays industriels occidentaux sont responsables des deux tiers de la catastrophe climatique en cours, il convient bien sûr d'accompagner les pays émergents pour parvenir, ensemble, à une solution.

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