Monsieur le ministre, vous nous avez donné des chiffres précis concernant les éloignements hors de l'Union européenne. Ils paraissent toutefois contredire un rapport provisoire de la Cour des comptes qui avait fuité dans Le Figaro en avril dernier et qui faisait état d'un pourcentage d'éloignements tout à fait dérisoire. Vous vous dites partisan d'une politique de fermeté, mais quel est le pourcentage effectif de déboutés du droit d'asile qui sont reconduits à la frontière ? Lorsque leur dossier a été rejeté – l'examen prenant en moyenne deux ans, avez-vous indiqué –, ces personnes sont considérées comme des migrants économiques qui n'ont pas vocation à rester en France.
D'autre part, que signifie exactement, dans la majorité des cas, « reconduite à la frontière » ? Prenons l'exemple d'un ressortissant pakistanais qui serait arrivé en France en transitant par la Belgique, aurait sollicité l'asile et aurait été débouté au bout d'un certain nombre de mois, voire d'années. S'il était réticent à quitter la France, ainsi que le sont l'immense majorité des personnes qui se trouvent dans cette situation, le feriez-vous raccompagner à Charleville-Mézières ou bien à Karachi ? Dans la première hypothèse, l'intéressé aurait toute latitude pour revenir en France dès le lendemain, en passant par Sedan, dont le poste de douane est aujourd'hui désaffecté.