Intervention de Philippe Errera

Réunion du 27 avril 2016 à 18h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Philippe Errera, directeur général des relations internationales et de la stratégie du ministère de la défense :

Tout d'abord, pourquoi cela prend-il autant de temps ? C'est une excellente question. Il est important de garder présent à l'esprit que nous ne faisons pas face à 25 000 ou 30 000 combattants composant des unités constituées, comme ce pourrait être le cas dans un combat conventionnel. Dans une telle hypothèse, la guerre serait terminée de longue date. Malheureusement, cela fait longtemps que l'on ne mène plus de guerre de ce type, en particulier contre des groupes terroristes. Nous sommes confrontés à des adversaires qui allient les capacités militaires conventionnelles de certains États et les atouts d'un groupe terroriste, c'est-à-dire l'aptitude à se fondre dans la population et à opérer en zone urbaine, de sorte que l'emploi de l'arme aérienne – notre principal outil, dès lors que nous ne déployons pas de troupes au sol – est limité par la nécessité d'éviter les dommages collatéraux, conformément au droit des conflits armés. Notre capacité à mener des frappes efficaces en volume suffisant est ainsi directement liée aux renseignements dont nous disposons, en particulier l'ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance). C'est pourquoi nous avons été particulièrement actifs auprès de nos partenaires européens pour que même ceux qui, pour des raisons politiques, ne souhaitaient pas s'engager dans des frappes puissent mettre à notre disposition des moyens de recueil du renseignement – je pense en particulier à des drones de surveillance –, lesquels sont nécessaires pour constituer un dossier d'objectif et évaluer le résultat des frappes.

En outre, pendant une bonne partie de l'année 2014, voire de l'année 2015, nos alliés américains.Or il nous semblait que, si un tel effort était important, d'autant plus que le gouvernement de ce pays menait des opérations au sol, l'action des États-Unis, au titre de la coalition ou non, devait être plus ambitieuse en Syrie – le Président de la République ainsi que Jean-Yves Le Drian ont insisté auprès d'eux en ce sens – et que nous devions aller plus loin dans le type d'objectifs visés, par exemple les infrastructures pétrolières.

S'agissant de la Russie, je ne l'ai pas mentionnée, en effet, dans ma description de l'action de la coalition, car elle n'en fait pas partie. Néanmoins, elle mène une action militaire. Selon nous, elle s'est engagée dans la campagne en Syrie avec pour premier objectif, non pas de lutter contre Daech, mais de sauver le régime de Bachar el-Assad, à un moment, à la fin de l'été dernier, où ce régime était réellement sous pression, le réduit situé autour de Damas et Lattaquié se trouvant sous la menace de l'opposition. La Russie a donc mené, à partir du 30 septembre, des frappes qui, dans un premier temps, visaient substantiellement l'opposition non djihadiste, c'est-à-dire ni Daech ni le JAN, mais l'ensemble des groupes qui menaçaient le régime.

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