Intervention de Jacques Myard

Réunion du 5 février 2014 à 17h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je vous ai écouté avec beaucoup d'attention, monsieur le commissaire. Il semble que votre première qualité soit le courage car c'est le tonneau des Danaïdes que vous nous décrivez. Vous êtes le Sisyphe de la Commission !

Le problème, vous l'avez dit sans l'avouer, tient aux divergences économiques existant dans une zone euro qui n'est pas optimale sur le plan économique et où le travail est devenu une variable d'ajustement. Ainsi, pour tenter de satisfaire les critères de Maastricht, la Grèce a réduit les revenus des Grecs de 40 % et son PIB de 25 %, ce qui est également le cas de l'Espagne qui, pourtant, n'était pas en situation de déficit budgétaire.

La politique conduite au niveau de l'Union européenne est une politique de déflation et la monnaie unique, calée sur des économies divergentes, ne peut pas fonctionner. Kai A. Konrad, conseiller en chef du ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, déclare ainsi dans un article de L'Expansion : « le projet européen doit être sauvé, pas forcément l'euro ». Et de nombreux commentaires d'économistes vont dans le même sens.

J'ai bien compris les quatre axes d'intervention que vous voulez mettre en place et je suis très favorable au programme Erasmus ainsi qu'aux mobilités. Mais vos objectifs – surveillance, coordination, solidarité, mobilité, dialogue social – ne sont pas à la hauteur de ce qui se passe actuellement sur notre continent et qui pourrait casser l'Europe. Regardons la réalité en face : nous ne pouvons pas continuer ainsi ! Si nous ne nous dotons pas d'une politique industrielle, si nous ne reconnaissons pas qu'il faut des champions européens et une réciprocité dans les relations commerciales, si nous ne réfléchissons pas à la position de l'euro et si nous n'investissons pas en Europe grâce à une politique fiscale intelligente – je dis cela pour la France –, nous n'y arriverons pas !

J'admire votre courage et votre optimisme, monsieur le commissaire, mais je suis certain que vous échouerez.

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