Monsieur le commissaire, l'Europe s'est déjà trompée en créant l'euro sans s'être dotée d'une gouvernance économique. Vous nous présentez un catalogue de quatre mesures dont j'ai du mal à voir l'aspect social ! Je veux bien qu'il faille mettre à niveau la formation des jeunes pour répondre au marché, mais faut-il pour cela créer des indicateurs ? Où est notre politique industrielle ? Où est notre politique commerciale ? Nous avons ouvert nos frontières à des partenaires qui ne respectent pas les règles sociales et nous allons nous contenter d'observer la misère et les drames sociaux ! Quand Jacques Delors a commencé à parler de politique sociale, l'Europe ne comptait que 15 pays membres, et nous n'avons pratiquement pas avancé. Les profondes inégalités au sein de la zone euro existaient bien avant la crise. L'Europe regroupe aujourd'hui 28 pays et il est encore plus difficile d'avancer. Nous devons envisager une gouvernance véritablement politique.
En tant qu'élu national et militant européen depuis plus de trente-cinq ans, je ne me reconnais pas dans votre discours et je crains, monsieur le commissaire, que si vous deviez vous soumettre à des élections, comme les parlementaires européens, vous n'ayez bien du mal à être élu. Nous sommes là pour essayer de vendre un discours européen et vous nous parlez d'observation de la misère sociale, d'intégration de plans en la matière dans les contraintes du semestre européen, de dialogue social. Vous ne pouvez pas demander aux Européens d'accepter des conditions de marché de plus en plus difficiles, des salaires de plus en plus faibles et des emplois de plus en plus précaires. Nous ne vivons pas dans le même monde !