Les disparités de salaires sont l'une des manifestations des inégalités de développement social et économique en Europe. Cette question n'est pas de la compétence de l'Union européenne. Néanmoins, il est de notre responsabilité de corriger les déséquilibres européens.
Une croissance équilibrée repose sur la croissance de la productivité. Mais cette dernière a fait défaut ces dernières années, creusant les déséquilibres au sein de la zone euro. Si les salaires augmentent plus que la productivité, la compétitivité est mise à mal ce qui nuit à une croissance équilibrée. Nous avons donc dû nous intéresser à ces questions et avons engagé un dialogue avec les partenaires sociaux et les États membres.
La Commission avait proposé, il y a quelques années, l'instauration d'un salaire minimum dans tous les États membres. À cet égard, la décision allemande constitue une étape très importante. Au mieux pouvons-nous espérer que chaque pays instaure un salaire minimum adapté à son économie. L'Union européenne pourrait également approfondir sa réflexion sur cette question qui, je le répète, ne relève pas de sa compétence.
En matière sociale, le Parlement européen a récemment discuté de la situation des sans-abri. Certaines ONG ont réitéré leur demande d'une stratégie européenne en la matière. L'une des mesures sociales adoptées il y a un an consiste notamment à comparer les démarches des États membres face à ce problème. La Commission s'est intéressée aux dix États membres dotés d'une stratégie nationale en analysant les réussites et les échecs de celle-ci.
Les États membres peuvent faire appel aux instruments financiers européens, comme le fonds de développement régional ou les fonds structurels. En outre, l'Union européenne finance directement des ONG qui interviennent dans ce domaine ainsi que des coopérations – nous soutenons la coopération des sociétés de chemins de fer européennes puisque ces dernières sont confrontées dans les gares à la présence de nombreux sans-abri.
La Commission se préoccupe de cette question depuis longtemps et a beaucoup agi dans le cadre des mesures sur les investissements sociaux. Il appartiendra à la prochaine commission de décider d'aller plus loin.
En conclusion, nous nous accordons sur la nécessité de revoir l'architecture de l'Union européenne, notamment de l'Union économique et monétaire, pour résoudre les problèmes que nous connaissons.
L'étendue de la crise met en cause le fonctionnement même de l'UEM, mais il ne faut pas oublier la responsabilité des États membres – transparence des finances publiques en Grèce, boom immobilier en Espagne. De nombreuses questions spécifiques se posent aux États membres.
Le constat d'un déficit dans l'architecture des institutions européennes fait consensus. Les hommes politiques français le savent, la monnaie unique n'était pas seulement un projet économique et financier ; elle recouvrait aussi une dimension politique : il s'agissait de maintenir l'unité de l'Europe au moment où la guerre froide prenait fin et où des tensions nouvelles apparaissaient. L'intégration monétaire devait maintenir la cohésion politique de l'Europe.
Or, nous avons appris de la crise récente que l'unité passe par une nouvelle approche dans laquelle l'euro ne crée pas d'asymétrie entre les États. Il est vrai cependant que certains problèmes structurels existaient avant même le début de la crise dans les États membres – en Espagne par exemple – et auraient dû donner lieu à une analyse conjointe.
L'approfondissement de l'Union économique et monétaire sera d'autant plus durable que la dimension sociale sera forte. Tout n'a pas été fait pendant le mandat de cette Commission, mais nous avons fait le maximum pour achever le travail sur l'union bancaire et préparer le terrain pour le prochain Parlement et la prochaine Commission.