Bpifrance a pour rôle de se substituer au système bancaire privé français défaillant dans le soutien à l'exportation. La principale question que nous pose la Commission européenne est « Y a-t-il une faille ? ». En matière d'exportation, la réponse est incontestablement « Oui », et la faille est énorme. Pour les crédits à l'investissement, l'approche est plus compliquée et nous n'avons pas les réponses ; l'examen doit être fait dossier par dossier. Bpifrance est parfaitement dans son rôle de financement de l'export en gérant les garanties publiques à l'exportation avec la Coface. Je rappelle que la Coface appartenait à une société privée, qui avait un mandat public pour la partie « grands contrats » du crédit export. J'avais alerté sur le danger que représenterait la vente de cette société : ceux de nos concurrents qui en deviendraient propriétaires pourraient alors freiner nos exportations pour favoriser les leurs.
Pour ce qui est de CDC International Capital, il en va autrement. Certains des fonds souverains avec lesquels traite cette filiale de la Caisse sont énormes. Nous avons fait savoir d'emblée que nous irions à notre rythme. C'est ainsi que le fonds monté avec le fonds souverain qatari n'a été doté que de 150 millions d'euros par chacune des deux parties; son équivalent italo-qatari a été doté d'un milliard d'euros par chacun des deux associés. L'intérêt pour nous est d'aller chercher de l'argent à l'étranger et de l'orienter peu à peu vers le financement des infrastructures. Ce sont les investissements que recherchent ceux qui, tels les fonds de pension, veulent des rendements stables – entre 5 et 8 % -, à long terme, et réputés sûrs.
Quant aux coûts de gestion des fonds de fonds, auxquels la BPI est très attentive, ils sont généralement compris entre 1,5 % et 2,5 % des fonds levés. Ce taux, qui peut paraître faible, s'explique par la double rémunération des dirigeants de sociétés de gestion, lesquels perçoivent un salaire et bénéficient du fameux carried interest, que CDC Entreprises a d'ailleurs malencontreusement appliqué il y a quelques années, ainsi que la presse s'en est fait l'écho. La distribution d'actions gratuites ne peut en effet se justifier que par la prise de risques : pour bénéficier du carried interest, le dirigeant d'une société de gestion doit souscrire à l'opération, avec le risque de tout perdre – ce qui est rare, au demeurant. J'ajoute que Bpifrance, qui est très structurante sur ce marché, a beaucoup réduit le nombre de fonds de fonds auxquels elle souscrit, afin de se concentrer sur les plus efficients et les plus sérieux, dont la liste est d'ailleurs disponible.