Intervention de Frédéric Lerais

Réunion du 2 octobre 2014 à 10h45
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Frédéric Lerais, directeur général de l'Institut de recherches économiques et sociales, IRES :

Tout à fait, dans un sens comme dans l'autre.

Entre 1998 et 2002, la durée du travail a baissé de 4,2 % en France – contre 1,7 % en Allemagne mais du fait de mécanismes différents, comme le développement du temps partiel. Puis entre 2005 et 2010, la durée du travail a augmenté en France et baissé en Allemagne.

Pour ce qui est des coûts salariaux unitaires, ils ont été similaires dans l'industrie manufacturière et plus élevés dans les services par rapport à l'Allemagne, mais celle-ci est un cas à part du fait de la politique mise en oeuvre à cette époque, à savoir une dévaluation interne avec un impact non négligeable sur le coût du travail et probablement sur la compétitivité globale. La France s'en est donc plutôt bien sortie par rapport aux autres pays. Par ailleurs, le lien entre coûts salariaux et performance extérieure est ténu, comme l'a montré une note de la direction du Trésor, en raison notamment des marges à l'exportation. Ainsi, les 35 heures ne semblent pas s'être traduites par une dégradation forte des coûts salariaux unitaires en comparaison avec les autres pays, Allemagne exclue.

Sur la période 1999-2010, l'évolution de l'emploi a été plus dynamique en France que dans les autres pays – à l'exception de l'Espagne, à 26 % –, puisqu'elle a été de 14 %, contre 10-11 % pour les Pays-Bas et l'Italie, et de 7 %-8 % pour le Royaume Uni et l'Allemagne. On observe également un développement moins important de l'emploi précaire – temps partiels, CDD – en France. L'année 2005 marque toutefois une rupture dans les comparaisons avec l'Allemagne.

Sur la même période, la France a enregistré une croissance du PIB plus dynamique, à 7,7 %, contre 5,7 % en Allemagne. Par contre, l'évolution de son PIB par tête a été de 7,3 %, contre 13,5 % pour l'Allemagne, cet écart s'expliquant par la différence de dynamique démographique entre les deux pays.

Voilà pour les évolutions macroéconomiques.

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