Intervention de Général d'armée Denis Favier

Réunion du 21 mars 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Général d'armée Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale :

La gestion de l'information diffère selon la nature de la crise, et celle du 13 novembre est ce qu'on appelle une crise à cinétique rapide, durant laquelle tout le monde recueille de l'information, les unités de gendarmerie comme les commissariats. Dans une crise aussi rapide, on n'a pas le temps de mettre en place un poste de commandement pour travailler le renseignement et recueillir toutes les données, notamment celles qui transitent par les réseaux sociaux. Entre le premier coup de feu au Bataclan et la résolution de la crise, il s'est écoulé deux heures ou deux heures trente. Ce laps de temps est trop court pour pouvoir exploiter l'ensemble des renseignements recueillis par nos brigades sur le territoire national.

On peut le faire lors d'une crise plus longue, s'il s'agit par exemple d'une prise d'otage au cours de laquelle on peut dérouler les artifices normaux, notamment la prise de contact par la négociation. On peut alors utiliser les outils qui permettent de travailler l'information : observation des réseaux sociaux, à titre d'exemple On ne peut pas mettre cela en place lors d'une crise qui nécessite un assaut d'urgence.

S'agissant des primo-intervenants et des primo-engagés, il a fallu bouleverser la doctrine. Jusqu'alors, en gendarmerie comme en police, quand nous étions confrontés à une tuerie subite et planifiée, la mission donnée aux premiers engagés était d'observer, de se poster et d'attendre le renfort des unités spécialisées, le haut du spectre. Ce n'est plus possible : on ne peut plus attendre parce que les terroristes tuent et qu'il n'y a pas de négociation possible ; nous devons intervenir très vite pour donner un coup d'arrêt, signifier qu'on est présent et qu'on ne laissera pas faire.

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