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Intervention de Général Bruno le Ray

Réunion du 21 mars 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Général Bruno le Ray :

Monsieur le président, madame, messieurs, je suis très heureux de m'exprimer devant vous aujourd'hui en tant que gouverneur militaire de Paris. En poste depuis l'été 2015, j'exerce le contrôle opérationnel de l'ensemble des forces placées sous le commandement du chef d'état-major des armées. Au cours de ce propos liminaire, je vais vous rappeler les conditions d'engagement de nos forces, en particulier telles qu'elles ont été appliquées les 13 et 14 novembre derniers.

Les attentats de janvier avaient déjà créé un contexte exceptionnel, notamment sur le plan militaire, avec le déploiement d'un nombre important de militaires sur le territoire national, en particulier en Île-de-France. Les attentats de novembre ont eu pour effet de nous faire franchir un palier supplémentaire : à deux reprises, des unités de la force Sentinelle se sont en effet retrouvées au plus près de la zone de combat – une expression inhabituelle pour un événement survenu à l'intérieur de nos frontières, mais correspondant à la réalité des faits –, en situation d'appui direct des forces de sécurité intérieure.

Vendredi 13 novembre, avant que ne surviennent les attentats, près de 4 000 militaires étaient déployés sur l'Île-de-France, répartis en 49 unités élémentaires – ce chiffre a son importance pour ce qui est de certains aspects relatifs au commandement – engagées dans des missions de protection de 325 sites sensibles : 20 sites dits « Vigipirate historique » – principalement les lieux touristiques et les gares – et 305 sites confessionnels – presque exclusivement des lieux de culte israélites.

Notre dispositif en Île-de-France avait été réorganisé courant 2015, passant de quinze à huit états-majors tactiques ; à la mi-octobre, une deuxième évolution nous avait fait passer à trois états-majors tactiques. Toute l'Île-de-France était donc – comme elle l'est encore à ce jour – répartie en trois zones : Paris intra muros, avec un PC établi à Vincennes, Paris Est, avec un PC au fort de l'Est, et Paris Ouest, avec un PC à Satory. Ces trois groupements sont sous les ordres de chefs de corps en titre, commandant des régiments en s'appuyant sur un état-major de régiment – étant précisé que, depuis l'année dernière, nous faisons en sorte que le déploiement des unités corresponde au découpage territorial, afin de faciliter les mesures de coordination avec les échelons administratifs locaux, les arrondissements, les districts et les départements.

Le 13 novembre en fin de soirée, nous disposions encore d'environ 1 000 militaires déployés sur le terrain, puisque la garde ne prend fin qu'entre vingt et une heures trente et vingt-deux heures trente, selon l'activité des sites concernés. En l'absence d'informations précises nous permettant de disposer d'une vision exhaustive de ce qui se passait au cours des premières heures de la soirée, l'idée maîtresse des décisions que j'ai prises a consisté à m'assurer que tous les moyens militaires se trouvant au contact, c'est-à-dire engagés sur l'un ou l'autre des événements, se trouvaient en capacité effective de coordonner leur action avec celle des forces de sécurité intérieure, et que les renforts pouvant se révéler nécessaires étaient disponibles au bon moment et au bon endroit. À cet effet, une réflexion a été menée en deux temps, d'abord avec les personnels se trouvant au contact, puis avec ceux susceptibles d'être appelés en renfort.

Il se trouve que le soir du 13 novembre, je me trouvais au Stade de France, assis une rangée derrière le Président de la République. J'ai entendu les deux premières explosions ayant retenti à proximité du stade et assez rapidement, juste avant vingt et une heures trente, j'ai été informé par mon état-major stationné à Saint-Germain-en-Laye – depuis les attentats de janvier 2015, il fonctionne 24 heures sur 24, 365 jours par an, afin de coordonner l'ensemble des soldats déployés à Paris…

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