Cela n'a rien d'étonnant : les militaires ne confient jamais leurs armes à quelqu'un d'autre.
En revanche, un policier de la BAC a demandé aux soldats de couvrir la sortie du bâtiment et de faire feu si les terroristes se montraient – il leur a même précisé de viser de préférence la tête, ou en tout état de cause en dehors des zones du corps susceptibles d'être entourées d'une ceinture d'explosifs –, et mes hommes l'auraient fait si la situation s'était présentée.
La question de l'entrée dans le bâtiment s'apparente à celle d'une prise d'otages de masse : en pareil cas, on fait systématiquement appel à des unités spécialisées, qui n'interviennent qu'à l'issue d'un minimum de préparation. Je me mets à la place d'un soldat entrant dans une pièce où il risque de tomber à la fois sur les terroristes et leurs victimes, dans une configuration inconnue, avec une luminosité peut-être insuffisante et des gens qui hurlent de tous côtés : comment faire, dans ces conditions, pour discriminer instantanément les agresseurs des victimes ? Ma propre expérience opérationnelle me porte à penser qu'une telle chose est quasiment impossible.