Je me permets de compléter la question de M. Gorges. On a tout de même le sentiment que le cadre fixé à l'échelle européenne, qu'il s'agisse des règles juridiques ou des principes de concurrence, est comme placé sous cloche : il a été construit comme si le monde extra-européen n'existait pas. Plusieurs des acteurs économiques que nous avons auditionnés dans le cadre de cette commission – représentants des électro-intensifs ou d'autres entreprises, comme les cimentiers par exemple – dressent un constat extrêmement simple : le coût de l'énergie, et singulièrement de l'électricité, est plus élevé en Europe que dans le reste du monde, où il peut être, dans certaines zones géographiques, particulièrement bas. Dès lors, certains d'entre eux nous ont indiqué qu'ils n'investissaient plus en France, ni en Europe d'ailleurs, mais en Chine ou au Canada, là où l'énergie coûte beaucoup moins cher.
On a le sentiment que le cadre européen nous empêche en quelque sorte de défendre nos industries, notamment nos industries électro-intensives. La question de sa pertinence se pose donc, et de façon urgente. Si le problème n'est pas réglé dans les années qui viennent, la désindustrialisation européenne se poursuivra. Ce phénomène, qui nous préoccupe beaucoup, nous impose de créer, au profit de ces entreprises, des systèmes d'aide adaptés susceptibles de combler l'écart qui ne cesse de se creuser avec le reste du monde.