Intervention de Vincent Laflèche

Réunion du 27 février 2013 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Vincent Laflèche, directeur général de l'Ineris :

Il faut prendre conscience que la mise au point de méthodes alternatives sûres à l'expérimentation animale n'a pas qu'un intérêt éthique, car l'enjeu en termes d'économie potentielle pour les entreprises concernées est très important. La difficulté réside en ce que ces méthodes ne doivent pas seulement être conçues en fonction d'impératifs techniques, mais qu'elles doivent aussi être acceptées par le public.

Les travaux de l'Ineris sur les hydrocarbures non conventionnels ne relèvent en aucun cas de la recherche sur les méthodes d'exploration ; à la demande unanime de la CORE, l'Ineris se concentre sur l'étude des risques, et s'organise pour assurer une veille technologique. Cela crée une situation exceptionnelle où des associations se trouvent à l'origine d'un investissement de connaissances dans ce domaine controversé, en vue de développer des compétences indispensables à la constitution d'une expertise publique. L'objectif est de lutter contre l'asymétrie de connaissances, pour ne pas laisser le monopole de celles-ci aux industriels, et créer les conditions d'un double éclairage, l'expertise publique devant être en mesure à terme de contrebalancer l'expertise industrielle. Il s'agit de préparer l'Ineris à aider l'autorité politique à prendre des décisions sans dépendre des seules informations du monde industriel. La CORE a ainsi soutenu le projet d'envoyer en 2013 un ou deux salariés de l'Ineris en mission de longue durée en Amérique du Nord afin d'aller y renforcer leur maîtrise du sujet.

D'une façon générale, le développement des relations de l'Ineris avec les ONG m'a conduit à prendre conscience qu'une bonne réponse à une mauvaise question reste une mauvaise réponse. C'est-à-dire que si on ne prend pas le temps d'avoir un débat sur les questions qui se posent, il est fort peu probable que les représentants de la société civile accepteront d'écouter les réponses qui seront proposées. Cela doit amener à revoir les programmes techniques pour prendre en compte les questions telles que les citoyens se les posent, et non pas seulement telles qu'elles apparaissent aux yeux des spécialistes.

Ce genre de démarche n'est pas incompatible avec la nécessité de travailler en liaison étroite avec les industriels pour acquérir une véritable maîtrise technique. Et c'est sans doute dans cette double approche de la compétence et du dialogue que se trouvent les conditions d'une expertise utile à l'éclairage du débat public.

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