Intervention de Jacques Repussard

Réunion du 27 février 2013 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jacques Repussard, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN :

– Non seulement nous participons à des programmes internationaux de recherche mais, en réalité, presque tous nos programmes de recherche sont cofinancés à l'échelle internationale. Il est utile de mutualiser l'accès à des installations expérimentales. Nous avons besoin d'installations : Américains, Russes et Japonais en ont. Des chercheurs de l'IRSN sont résidents permanents à l'étranger : au Japon (avant l'accident de Fukushima), à Sandia (Nouveau-Mexique), par exemple. Nous avons signé un accord au Canada pour participer à des travaux de recherche sur le tritium, car nous ne souhaitions pas mettre en place en France d'installation pour tester les effets d'une contamination. Des chercheurs de l'IRSN participent donc à des travaux dans une animalerie contaminée au Canada.

J'ai contribué à la création d'une association pour la recherche en Europe qui rassemble la plupart des institutions de recherche en radioprotection. La question de la compréhension des effets des faibles doses nous est posée tant par le grand public que par les responsables. Le système de radioprotection est fondé sur l'application d'une loi de proportionnalité du dommage sanitaire à la dose. En application du principe de précaution, on applique cette loi jusqu'à des doses quasi nulles. Ce type de raisonnement ne tient pas la route. Ainsi, après l'accident de Tchernobyl, l'exposition de millions de personnes à de faibles doses aurait provoqué des dizaines de milliers de morts. Or ce n'est pas ce qui s'est produit. Mais la réglementation est fondée sur ce type de raisonnement. Il faut aller au-delà. Malheureusement les unités que nous utilisons (le becquerel, le milli-sievert) sont incompréhensibles pour le grand public. Elles ne sont pas appropriées pour traiter correctement des très faibles niveaux de doses. Des incertitudes importantes demeurent sur la relation entre l'effet sanitaire et la dose : on ne sait pas s'il existe un seuil, on ne connaît pas ce qui gouverne la radiosensibilité individuelle, c'est un inconvénient pour la radiothérapie. On connaît mal la nature de la défense des organismes vivant vis-à-vis des rayonnements. Les enjeux réels sont dans le monde médical, plus que dans celui de l'industrie nucléaire, qui a fait beaucoup de progrès. Les bilans d'EDF sont excellents : en 2011, seules deux personnes (y compris chez les sous-traitants) avaient dépassé les doses admises. L'accroissement de la sous-traitance et des contraintes économiques peut susciter des inquiétudes mais le système est globalement solide.

Pour le grand public, les doses sont infimes, mais cette idée est difficile à véhiculer.

Nous répondons toujours présents lorsque nous sommes sollicités pour des débats publics, dans les CLI ou ailleurs.

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